mardi 20 octobre 2015

Seul sur Mars

 
L'espace semble être devenu un territoire cinématographique incontournable, propice à des aventures vertigineuses et fascinantes. Il y a deux ans, Gravity nous propulsait à 600 000 km au-dessus de la Terre de manière incroyablement immersive et inédite. L'an passé, Christopher Nolan s'interrogeait sur notre devenir dans le cosmos dans le très réflexif Interstellar. Loin de ces grandes ambitions, Ridley Scott envoie Matt Damon (qui jouait déjà un scientifique isolé dans le film de Nolan) sur Mars, adaptant le best-seller d'Andy Weir. En bon professionnel. 

Lors  d'une expédition sur la planète rouge, l'astronaute Mark Watney est laissé pour mort par ses coéquipiers, une tempête les ayant obligés à décoller en urgence. Mais il survit et doit désormais trouver le moyen de repartir seul. Grâce à son ingéniosité, il va réussir à contacter la Terre. A 225 millions de kilomètres de là, la NASA et des scientifiques du monde entier vont travailler sans relâche pour le sauver pendant que ses coéquipiers tente de le récupérer dans une mission de la dernière chance. 

Matt Damon

Il paraît que certains spectateurs ont trouvé le film si crédible qu'ils ont cru voir une histoire vraie. Outre le sérieux scientifique apparent du projet et son relatif réalisme (malgré quelques invraisemblances), Matt Damon en est sans doute la raison majeure. Le comédien n'a pas son pareil pour interpréter un homme auquel chacun peut s'identifier, pris au piège d'une situation extrêmement périlleuse et réussissant à s'en sortir à l'aide de sa débrouille et de son bon sens. L'acteur n'hésite pas non plus à alléger des séquences supposées dramatiques avec un humour très présent, se jouant de circonstances saugrenues. Ainsi, il parvient à se nourrir en cultivant un champ de pommes de terre grâce aux excréments de ses coéquipiers et garder la forme en écoutant de la musique disco qu'il déteste par ailleurs. 


A l'instar de son acteur vedette, Ridley Scott ne se prend pas au sérieux, trouvant un plaisir manifeste à s'emparer de l'un de ses genres de prédilection, la science-fiction. Mais comme dans ses œuvres récentes, le cinéaste l'illustre plus qu'il ne l'incarne, se bornant à suivre sagement les étapes d'un scénario qui ne recèle aucune surprise. La fin est écrite à l'avance et on est tout de même assez sidéré de voir le réalisateur de Blade Runner aussi prévisible dans ses intentions. Et ce ne sont ni les quelques plans Go Pro disséminés ici et là, ni les personnages secondaires réduits aux utilités, qui viennent troubler le programme préétabli.

A son allure métronomique, Ridley Scott enchaine les films comme on enfile des perles, avec un professionnalisme certain dénué de toute consistance. L'homme conserve son talent plastique mis dorénavant au service d'entreprises aseptisées, de l'entertainement bien huilé à la gloire de la NASA qui plaira au plus grand nombre. Si le divertissement est au rendez-vous, et il l'est assurément, on pourrait facilement s'en contenter. Mais lorsque l'on voit que ses collègues Nolan et Cuaron tentent, avec des fortunes diverses, de proposer au public d'autres perspectives, on se dit que le papa d'Alien devrait apprendre de ses rejetons. Sous peine de devenir un ersatz de lui-même.

Antoine Jullien

Etats-Unis - 2h24
Réalisation : Ridley Scott - Scénario : Drew Goddard d'après le livre d'Andy Weir
Avec : Matt Damon (Mark Watney), Jessica Chastain (Melissa Lewis), Kristen Wiig (Annie Montrose), Jeff Daniels (Teddy Sanders), Kate Mara.

Disponible en DVD et Blu-Ray chez 20th Century Fox

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