vendredi 23 octobre 2015

La Glace et le Ciel


Mon Cinématographe parle de cinéma et pourtant il s'agit cette fois d'évoquer davantage l'écologie que le septième art à l'occasion de la sortie du nouveau film de Luc Jacquet. Le réalisateur s'est fait connaître dans le monde entier grâce au succès de La Marche de l'Empereur, lauréat de l'Oscar du documentaire en 2006. Son amitié avec le climatologue Claude Lorius, avec lequel il s'est trouvé une passion commune pour l’Antarctique, l'a amené à raconter son combat contre le réchauffement climatique. A tel point que La Glace et le Ciel a été choisi pour faire la clôture du dernier festival de Cannes. Quand la sauvegarde de l'environnement est désormais une cause tellement primordiale que le plus grand festival du monde devient, un temps, sa plus belle caisse de résonance.

Claude Lorius est parti étudier les glaces de l’Antarctique en 1957. Après cette découverte qui le marqua définitivement, vingt-deux missions polaires se succèderont qui lui permettront, à lui et son équipe, de comprendre comment les bulles de glace peuvent dessiner l'histoire du climat et de l'humanité depuis 40 000 ans. 

Claude Lorius

Le documentaire a une évidente vertu pédagogique et l'on y apprend maintes choses. A l'aide de très nombreuses images d'archives, Luc Jacquet nous fait partager les diverses épopées glaciaires de Claude Lorius, vécues dans un contexte très éprouvant. Lorius le dit lui-même, "ma quête de savoir nous empêchait de devenir fous". Subissant des conditions climatiques extrêmes, l'homme va peu à peu prendre conscience de la détérioration de notre planète, déduisant notamment le fait que la tragédie nucléaire d'Hiroshima a pu engendrer la fonte de la banquise. Profitant d'une surprenante entente cordiale entre les russes et les américains, alors en pleine Guerre Froide, ses travaux, critiqués par certains, vont permettre de faire évoluer les consciences et fragiliser les climatosceptiques.

Mais pourquoi Luc Jacquet a-t-il choisi un mode narratif aussi empoulé ? Malgré ses louables intentions, on ne peut que regretter l'académisme de son film, constitué d'images de Claude Lorius, aujourd’hui âgé de 80 ans, sur les glaciers, méditant au milieu des pingouins, et de ses nombreuses expéditions racontées par une voix-off un peu trop envahissante. Paresseux et didactique dans sa forme, le documentaire semble avoir été réalisé au siècle dernier, avec une emphase grandiloquente qui le dessert entièrement. Certes, le réalisateur nous alerte à raison sur les dangers du changement climatique mais on aurait préféré un traitement moins vieillot et scolaire sur un sujet qui doit tous nous alerter. Et qui trouvera, une fois encore, davantage de lamentations que de solutions.

Antoine Jullien

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