mardi 6 octobre 2015

Enragés


À la suite d’un braquage ayant mal tourné, quatre gangsters (Laurent Lucas, Guillaume Gouix, Franck Gastambide et François Arnaud) prennent en otage une femme (Virginie Ledoyen) et un père de famille (Lambert Wilson) qui doit d'urgence amener sa fille malade à l'hôpital. C’est ainsi que commence une longue chevauchée qui révélera peu à peu le véritable visage de ces compagnons de route.

Un mois après le sympathique Antigang, c’est au tour d’Eric Hannezo de tenter sa chance avec un film de genre à la française. Cet ex-journaliste est réputé pour avoir considérablement modernisé le reportage sportif en y amenant une touche visuelle cinématographique percutante. Dès les premières minutes de son film, on sent tout l’amour qu’éprouve le réalisateur pour la série B américaine des années 80 et notamment pour l’œuvre de John Carpenter, que ce soit dans ses choix de cadres ou de musiques. Esthétiquement, c’est une belle surprise comme on aimerait en voir plus souvent dans le cinéma français. Mais la réussite d’Enragés s’arrête malheureusement là. Car livrer de belles images, c’est bien, raconter une histoire crédible et captivante, c’est tout de même beaucoup mieux.

Laurent Lucas, Franck Gastambide, Virginie Ledoyen, François Arnaud et Guillaume Gouix

Les acteurs semblent complètement perdus, victimes de personnages sans relief, de dialogues navrants de platitude (on a le droit à un « ferme ta gueule ! » toutes les trente secondes) et d'un réalisateur plus intéressé par son chef opérateur. Même si Lambert Wilson et Franck Gastambide ne s’en sortent pas trop mal, Guillaume Gouix tourne en rond, ne sachant jamais comment faire varier un personnage dépourvu d’originalité. Mais que dire du reste de casting, mal dirigé, de Laurent Lucas, ridicule en «badass vénère », à Virginie Ledoyen faisant ses yeux de biche dans un rôle presque inutile, en passant par François Arnaud offrant une caricature de psychopathe refoulé.

Les incohérences nombreuses, les quelques ratés techniques (le doublage de certains acteurs), les facilités narratives (l’affichage de l’heure en guise d’ellipse souligné par une virgule sonore d’une lourdeur pachydermique, la radio qui fait régulièrement le point sur ce qu’il vient de se passer) plombent aussi considérablement le récit. 

Lambert Wilson

En expatriant le tournage au Québec, Enragés épouse une forme purement hollywoodienne qui aurait pu être intéressante si elle avait été singulière. Mais à force d’arpenter les lieux communs et les séquences attendues, Eric Hannezo n’arrive jamais à nous surprendre, du moins dans la première heure. La dernière partie du film devient plus inattendue mais pas forcément pour de bonnes raisons. Entre séquences incongrues (la fête de l’ours dont on ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer) et un twist surprenant mais gratuit, peu de choses viennent sauver ce premier film si ce n’est la générosité et les bonnes intentions émanant de la mise en scène. Un beau gâchis en quelque sorte.

Alexandre Robinne

France - 1h33
Réalisation : Eric Hannezo - Scénario : Benjamin Rataud, Yannick Dahan et Eric Hannezo
Avec : Lambert Wilson (Le père), Guillaume Gouix (Sabri), Virginie Ledoyen (La femme), Franck Gastambide (Manu), François Arnaud (Vincent).

Disponible en DVD et Blu-Ray chez Wild Side Vidéo.

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