En compétition officielle lors du dernier festival de Cannes, sélectionné à Sundance et en course pour l’Oscar 2015 du meilleur film étranger, Les nouveaux sauvages débarquent sur nos écrans cette semaine. Réalisé par l’inconnu Damiàn Szifron, ce film à sketches est resté huit semaines consécutives en tête du box office argentin, son pays d’origine. C’est dire si l’enthousiasme autour du film est grand d’autant plus quand les producteurs s’appellent Agustin et Pedro Almodovar.
Avoisinant les deux heures, cette œuvre est découpée en six courts métrages d’une durée sensiblement équivalente. On se retrouve ainsi à bord d’un avion dont les passagers sont liés entre eux sans le savoir, sur une route désertique, théâtre d’un affrontement entre deux conducteurs en plein burn-out, ou bien en présence d’un expert en démolition dont le vie bascule petit-à-petit. Le leitmotiv qui réunit ces différents sketches est le pétage de plomb. Dans chaque film, les personnages se retrouvent dans une situation délicate ou carrément malsaine qui tourne invariablement à l’humour noir. C’est violent, très drôle, bien maitrisé dans sa réalisation et parfaitement servi par une galerie de personnages haut en couleur. Quant aux dialogues, c’est un vrai régal. Le tout forme un ensemble assez réjouissant qui contraste fortement avec les sacro-saintes comédies où tout se termine pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ici, les gens meurent (brutalement), se font du mal (méchamment), s’arnaquent (sournoisement) sans toutefois tomber dans le cynisme dépressif.
A ce titre, Les Nouveaux Sauvages n’est pas qu’un simple défouloir bête et méchant à la violence gratuite. Chaque histoire s’inspire de la vie normale en s’attaquant à différents sujets universels (le mariage, l’administration, le pouvoir, l’ego, la vengeance) et en poussant ses protagonistes dans leurs retranchements. Il est donc très facile pour le spectateur de s’identifier à eux, le but étant bien évidemment de dépasser la ligne rouge, là où nous ne pouvons pas aller dans la vie réelle, trop sages que nous sommes.
Le seul véritable défaut du film réside dans son format. Les sketches sont tous indépendants et obligent le spectateur à se replonger continuellement dans une nouvelle histoire, sans avoir le temps de digérer la précédente. Même si le niveau reste relativement constant, une certaine lassitude peut apparaitre d’un film à l’autre, surtout qu’après deux ou trois histoires, le concept apparait clairement et perd alors de sa puissance. Dans certains cas, il est même assez aisé d’anticiper la chute même si Damiàn Szifron, également scénariste, essaye continuellement de surprendre son public. Ces quelques réserves ne suffisent cependant pas à bouder notre plaisir devant le film le plus caustique de ce début d’année.
Alexandre Robinne
Argentine / Espagne - 2h
Réalisation et Scénario : Damiàn Szifron
Avec : Ricardo Darin (Simon Fisher), Oscar Martinez (Mauricio), Leonardo Sbaraglia (Diego Iturralde), Erica Rivas (Romina).
Disponible en DVD et Blu-Ray chez Warner Home Vidéo.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire