mercredi 16 novembre 2011

Contagion


Le film de Steven Soderbergh est à regarder selon votre degré d'hypocondrie. En filmant la propagation d'un virus à la vitesse grand V, le réalisateur de Traffic a voulu rendre compte d'une possible pandémie avec un souci manifeste de réalisme. A moins d'être vacciné contre toute forme de maladie, il est difficile de ne pas se sentir concerné tant le caractère anxiogène du film est d'une redoutable efficacité. 

Après un séjour à Hong-Kong, une femme (Gwyneth Paltrow) rentre aux Etats-Unis retrouver son mari (Matt Damon) et son fils. Prise de malaise puis de convulsions, elle meurt quelques heures plus tard. Des milliers de cas sont recensés et les morts s'accumulent. La contagion est en marche et semble inexorable. 

Matt Damon

Depuis plusieurs films, Soderbergh a abandonné le 35 mm au profit de la caméra numérique Red. Mais c'est avec Contagion que le cinéaste en fait l'utilisation la plus pertinente. Accentuant ce réalisme froid et terriblement angoissant, la caméra scrute les visages, les rues désertes, les malades par dizaine en mêlant à la fiction une impression de reportage renforcée par la distance que met Soderbergh dans le traitement de son sujet. Aucun héroïsme ni sensiblerie ne viennent perturber une pandémie qui a pourtant comme ressort quelques clichés bien tenaces. Elle provient d'Asie et seuls les Américains semblent touchés par elle. Sur ce point, le cinéaste ne diffère pas de ses prédécesseurs. 

Laurence Fishburne et Kate Winslet

Là où le réalisateur s'est montré malin est dans l'usage qu'il fait des vedettes à l'écran. Si la pauvre Marion Cotillard, égarée au montage, ne sert malheureusement pas à grand chose, les rôles de Gwyneth Paltrow et Kate Winslet sont plus surprenants. La première disparaît rapidement, Soderbergh osant filmer son cadavre lors d'une sanguinolente autopsie. La seconde semble être un personnage moteur de l'intrigue avant que la maladie ne la rattrape à son tour. Le cinéaste a eu le talent de mêler ce casting de prestige à des acteurs moins connus et l'ensemble finit par trouver une cohérence que son affiche ne laissait pas forcément présager. 

S'entourant d'experts et de scientifiques réputés, Soderbergh veut nous dire qui si un tel virus venait à se propager, cela se passerait probablement de cette manière. Un constat qui fait froid dans le dos et qui peut provoquer d'inquiétantes sueurs froides. On peut regretter que le cinéaste n'aille pas au-delà de cet état de faits, déroulant son récit mécaniquement jusqu'à un happy-end forcé et peu crédible. Mais le film aura réussi une chose : vous passer durablement l'envie de serrer la main de votre voisin ! 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Warner Home Video.

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