Traiter la gravité par la légèreté. Transcender la douleur par le rire. En douceur et si possible en chansons. Depuis Caramel qui jouait à fond cet atout de la drôlerie pour évoquer les souffrances et interrogations des femmes musulmanes, le cinéma nous offre régulièrement, sur cette même trame, un film nouveau. Il en fut récemment ainsi avec Et maintenant on va où ?. Le schéma narratif change, les procédés techniques demeurent : un film choral où la lumière inonde chaque plan, où la musique joue un personnage à part entière et où les comédiennes irradient l’écran.
On ne s’attendait pas à voir le Roumain Radu Mihaileanu se lancer dans un projet aussi éloigné de ses racines. Rappelons que ses deux premiers films Train de vie et Va, vis deviens évoquaient les déboires du peuple juif avec pour le premier une démythification du drame qui l’a touché de près. Mais ce sont surtout les thématiques de ces films (l’exil, l’identité) qui, plus que tout, constituent le lien d’une œuvre déjà solide dont l’avant-dernier opus était le quelque peu surestimé Concert.
Leïla Bekhti
Nous sommes dans un petit village d’Afrique du nord. Qu’importe son nom, qu’importe même le pays où il se trouve. Un village comme on suppose qu’il en existe des dizaines. Depuis la nuit des temps, les femmes ont la charge d’aller chercher à des kilomètres l’eau à la source. Les sentiers accidentés transforment en cauchemar cette corvée. Les chutes provoquant des fausses couches y sont nombreuses. La rébellion va gronder. Les hommes vont devoir mettre la main à la pâte sinon ils seront privés d’amour… Dans le village, les clans se dessinent entre gardiennes des valeurs ancestrales et désireuses de balancer un grand coup de pied dans les traditions…
Hafsia Herzi
Mihaileanu a réussi le pari de nous embarquer au cœur de cette région aride et de nous inonder le cœur de cette histoire qu’il mène avec une formidable ferveur. Le récit, étalé sur plus de deux heures, ne laisse aucun temps mort. Le scénario, extrêmement bien ficelé, réserve son lot de surprises, décortiquant, tel un entomologiste, les péripéties qui jalonnent le récit. On retiendra en particulier l’idée géniale d’utiliser le voile intégral dans une fonction complètement inattendue qu’il ne faut pas déflorer ici. Mais c’est surtout, à travers l’exemple de ces femmes-là, de toutes les suppliciées des traditions que le cinéaste s’est fait le porte-parole. Et si la source du titre est évidemment porteuse de vie, elle s’avère aussi la splendide métaphore de ce qu’incarne ces femmes : le renouveau coulant sans cesse, le mouvement vers un avenir meilleur revendiqué comme aussi vital que cette eau.
Soutenu par un chef opérateur dont le travail mériterait largement d’être récompensé aux prochains Césars, le cinéaste s’est par ailleurs entouré d’une éblouissante brochette de comédiens et surtout de comédiennes. Leur ravageuse beauté, l’abnégation avec laquelle elles défendent chacune leur rôle, dans le jeu, dans le chant, dans la danse confèrent à ce film toute l’humanité qu’un tel sujet méritait. A la fois drôle et bouleversant, pacifique et violent, cette source-là, sans sentimentalisme, est un déluge de talents.
Erik Dzarli
Voici ici le seul film que j'ai applaudi cette année.
RépondreSupprimerPlus ou moins familier des films qui parlent du Maghreb, ou dans un sens large, de sociétés traditionalistes archaïques et patriarcales (comme dans ce film, je ne vise pas la population en entier, mais les recoins de survivance de ces coutumes), je m'attendais à revoir encore un autre film, avec encore les mêmes histoires ennuyeuses et ressassées jusqu'à usure.
Mon scepticisme était un catalyseur qui ne fit qu'amplifier la surprise et la douce saveur de ce film.
Je ne saurais mieux user de ma plume que l'auteur du blog pour décrire ce film, mais avouons que ce "movie" décrit avec tellement d'entrain, sans trop nous angoisser ni nous tétaniser, ni nous ennuyer, des situations que j'ai déjà vues personnellement. Les femmes qui triment à la tâche, et les hommes qui ne lèvent pas le petit doigt et qui sont à la limite cruels.
Il y a aussi une autre aubaine, c'est que l'on ne s'attend pas à ce que le réalisateur, pourtant si loin de coutumes et des débats qui déchainent ces sociétés, appréhender avec autant de justesse et de doigté l'ambiance, le vécu, la volonté, le courage, la colère, les tristesses et les joies bien caractérisées des villages traditionnels d'Afrique du Nord.
Il a su faire ressortir tellement de choses, et tellement bien, que ce film s'adresse parfaitement aux gens qui connaissent profondément ces situations que les gens venus juste admirer un bon film.
Car, c'est ici le mot qu'il faut, c'est un bon film.
Et il rentre dans mon panthéon personnel !
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Steady as she goes!
J 'ai savourés se film du début à la fin le film dure 2H30 on ne les voit méme pas passer se film est le film a regardé cette annés.
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