mardi 13 janvier 2015

La mort de Francesco Rosi


La terrible actualité de ces derniers jours ne doit pas faire oublier la disparition de l'un des grands cinéastes italiens de l'après-guerre. Francesco Rosi s'est éteint samedi à l'âge de 92 ans, laissant derrière lui une œuvre importante, l'incarnation du grand cinéma politique des années 60-70. 

Né à Naples en 1922, Francesco Rosi suit des études de droit puis, après la guerre, devient assistant de théâtre et acteur de music-hall. C'est Luchino Visconti qui lui ouvre les portes du cinéma en l'engageant comme assistant sur La Terre Tremble puis Bellissima et Senso avant d'entamer une carrière de réalisateur avec Le Défi en 1958. Salvatore Guilano en 1962, qui lui vaut de remporter l'Ours d'Or à Berlin, définit son style et sa critique de la société italienne qui prendront une ampleur inédite dans Main Basse sur la ville en 1963 (Lion d'Or à Venise) dans lequel le cinéaste s'attaque à l'affairisme immobilier incarné par  Rod Steiger et à ses répercussions sur la population, et L'Affaire Mattei en 1972, passionnante enquête sur le patron de la pétrochimie italienne interprété par Gian Maria Volonte et sa mort mystérieuse et jamais élucidée, qui lui vaudra la consécration suprême, la Palme d'Or du Festival de Cannes. 

L'Affaire Mattei, Palme d'or 1972

Parmi ses autres films majeurs, citons Lucky Luciano et surtout Cadavres Exquis avec Lino Ventura, des œuvres qui dénonçaient avec force autant la corruption qui gangrénait le pays que le poids considérable de la mafia et de ses accointances politiques. Rosi avait le talent de mener ses films avec une efficacité journalistique mêlée à un sens certain du romanesque. 

Malgré une fin de carrière moins mémorable, Francesco Rosi laissera une trace indélébile dans l'histoire du cinéma, celle de ces réalisateurs citoyens qui, au moyen d'une caméra, ont voulu tenter de comprendre et d'informer les spectateurs sur les maux de notre époque et sur les désillusions de nos démocraties. Si le terme de "cinéma engagé" est aujourd'hui trop galvaudé, il prend encore du sens lorsque l'on se replonge dans la filmographie de Francesco Rosi. 

Antoine Jullien


Filmographie 

1958 : Le Défi 
1959 : Profession : magliari
1962 : Salvatore Guilano
1963 : Main basse sur la ville
1965 : Le moment de vérité 
1967 : La belle et le cavalier 
1970 : Les hommes contre
1972 : L'Affaire Mattei
1973 : Lucky Luciano
1976 : Cadavres Exquis 
1979 : Le Christ s'est arrêté à Eboli 
1981 : Trois Frères 
1984 : Carmen
1987 : Chronique d'une mort annoncée
1990 : Oublier Palerme
1997 : La Trêve

2 commentaires:

  1. Je connais mal sa filmographie, mais j'adore "L'Affaire Mattei". Triste période pour le cinéma italien. Bravo pour ce joli hommage.

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  2. Merci ! A voir surtout Main basse sur la ville et Cadavres Exquis qui démontrent bien l'importance de Rosi.

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