PROGRAMME
Le festival 2 Cinéma de Valenciennes se déroule du 10 au 16 octobre. La manifestation comprend une compétition dédiée au documentaire, du lundi 10 au mercredi 12, et une autre dédiée à la fiction, du mercredi 12 au samedi 15.
Parmi les neuf fictions en compétition, on peut en citer plusieurs découvertes lors du dernier festival de Cannes dont le très remarqué Take Shelter de Jeff Nichols (voir Cannes Jours 6 à 8) et Les crimes de Snowtown de Justin Kurzel.
Parmi les membres des jurys, on compte de nombreuses personnalités : Christophe Barratier, Jacques Fieschi, Claude Zidi, Christina Réali ou Valérie Kaprisky.
Autour du festival, plusieurs évènements sont à l'honneur : une journée consacrée à la 3D et aux effets spéciaux numériques en présence de Philippe Géluck et Alain Derobe, une rétrospective de biopics et la venue du cinéaste Frédéric Wiseman, invité d'honneur du festival.
Enfin, le prix Jean Mineur qui récompense un artiste ou un technicien novateur et précurseur sera remis à Jean-Marie Lavalou, Alain Masseron, Nicolas Pollachi et Hervé Theys, les inventeurs de la fameuse Louma.
Mon Cinématographe couvre l'évènement et vous en reparle à l'issue du palmarès.
Festival 2 Cinéma de Valenciennes du 10 au 16 octobre.
Renseignements : http://www.festival2valenciennes.com/
INTERVIEW SAMUEL LABARTHE
Le comédien Samuel Labarthe est membre du jury fiction du festival 2 Cinéma de Valenciennes. Après son triomphe au théâtre dans La Boutique au coin de la rue, on a pu le voir au cinéma dans Le Divorce de James Ivory, Sagan de Diane Kurys et cette année dans La Conquête de Xavier Durringer qui sort en DVD et dans lequel il campe Dominique De Villepin.
- Qu'est-ce que cela vous fait d'être juré du festival ?
Je connaissais déjà le festival de Valenciennes dans sa précédente formule (le festival était auparavant dédié au cinéma d'aventure) et je suis très heureux d'avoir été invité et de faire partie de ce prestigieux jury.
- Quel regard portez-vous sur cette sélection ?
Ce que j'ai vu non seulement m'étonne, me fascine mais me rassure aussi sur l'état du cinéma d'aujourd'hui. Je trouve cela très courageux de voir des films pas forcément grand public qui vont à contre-courant du cinéma commercial. C'est là que l'on mesure notre responsabilité, en tant qu'artiste, de proposer des choses qui ne sont pas standardisées. Grâce au festival, j'en prends encore plus conscience que d'habitude.
- Quel spectateur êtes-vous ?
Je suis très éclectique, je vais voir des films dont on parle beaucoup, d'autres beaucoup moins. Mon dernier grand coup de coeur date de l'année dernière, Une vie toute neuve d'Ounie Lecomte qui m'a absolument bouleversé. J'étais persuadé en le voyant que le bouche-à-oreille allait être phénoménal mais malheureusement le film a été retiré au bout d'une semaine.
- Dans les longs métrages de la compétition figure L'exercice de l'état de Pierre Schoeller sur le quotidien d'un ministre des transports. Vous avez été récemment à l'affiche de La conquête qui est également un film sur la politique. Plusieurs mois après sa sortie en salles, quel recul avez-vous sur le film ?
Il y a eu un buzz énorme pendant des mois avec une bande-annonce que tout le monde se partageait. Maintenant le film a été vu, j'ai l'avantage de savoir comment il a été reçu. J'ai l'impression que le contenu n'a peut-être pas répondu totalement à l'attente du public qui pensait y trouver des choses plus croustillantes et dérangeantes mais il a le mérite d'avoir ouvert la porte à de nombreux autres films dans le même genre. Il faut toujours un pionnier et c'est le premier long métrage français qui parlait d'un Président de la République en exercice.
Samuel Labarthe dans La Conquête
- Comment vous-êtes vous préparé pour jouer Dominique De Villepin ?
Pour un acteur, interpréter un personnage vivant, très médiatisé et que tout le monde connaît est un exercice périlleux dans le sens où il existe deux pièges dans lesquels il ne faut pas tomber : être trop dans l'imitation et risquer de verser dans la caricature où bien ne pas l'être suffisamment et du coup risquer d'être accusé de ne pas savoir le faire et de ne pas être crédible. J'avais envie d'avoir un Villepin privé mais très vite on m'a dit que si je faisais un Villepin que personne ne connaissait on ne le reconnaîtrait pas, justement ! J'étais donc quand même obligé d'aller sur des rails proposés par d'autres. Ensuite c'est un travail assez obsessionnel puisqu'il s'agit de se nourrir du personnage, de parler comme lui, de retrouver un phrasé, des attitudes. Après il fallait donner quelques signes extérieurs comme la perruque que j'ai eu et les sourcils qu'on m'a enlevé.
- Quelles étaient les indications de Xavier Durringer ?
Sa grande indication était : « Tu as fait tout le travail, maintenant tu oublies et on joue les scènes ». On était vraiment sur une corde raide mais en même temps c'était formidable de pouvoir faire ça. Le seul problème est qu'à ce moment-là je jouais Chirac dans le téléfilm Pompidou, la mort d'un président. On tournait les scènes au Ministère des affaires étrangères, il y avait donc de quoi être un petit peu perturbé par les deux ! C'est la même famille politique mais sur des époques très différentes. Je me souviens qu'étant déguisé en Chirac, j'allais interviewer l'huissier principal du quai d'Orsay à propos de Villepin qui me donnait des indications dont je me suis servi plus tard sur le tournage de La Conquête.
- Quels sont vos projets ?
Un film de Denis Malleval avec Line Renaud, un autre tourné par Gabriel Aghion à La Réunion avec Claude Brasseur et Dominique Blanc et celui que je tourne actuellement réalisé par Anne Fassio sur l'univers hippique dans lequel je joue un propriétaire de chevaux pas très sympathique !
Propos recueillis par Antoine Jullien
Festival 2 Cinéma de Valenciennes du 10 au 16 octobre.
Retrouvez la critique de La Conquête disponible en DVD chez Gaumont Vidéo.
PALMARES
Les jurys du festival 2 Cinéma de Valenciennes ont rendu leur verdict hier soir lors de la cérémonie de clôture. C'est Detachment de Tony Kaye, déjà récompensé lors du dernier festival de Deauville (voir news) qui a obtenu à la fois le Grand Prix du jury et le Prix du public et relate le quotidien d'un professeur d'anglais dans un collège difficile. Malgré la sensibilité d'Adrien Brody, le film se complaît dans une mise en scène tapageuse, à grands coups de zooms et d'effets de montage tonitruants, manquant de complexité sur un sujet qui aurait mérité un traitement plus subtil (sortie le 1er février 2012).
Detachment de Tony Kaye © Pretty Pictures
Aucune contestation en revanche sur les prix d'interprétation remis à l'australien Daniel Henshall pour sa composition terrifiante de tueur en série dans Les Crimes de Snowtown de Justin Kurzel (sortie le 28 décembre) et à l'allemande Sandra Hüller dans l'intéressant mais inabouti L'amour et rien d'autre de Jan Schomburg.
Daniel Henshall dans Les Crimes de Snowtown © ARP Sélection
Le prix du jury est allé à Amador de Fernando Léon de Aranoa, un joli film sur une femme qui, après la mort du vieillard dont elle avait la charge, fait croire qu'il est toujours vivant afin de ne pas la laisser sans travail (sortie le 8 février 2012).
Amador de Fernando Léon de Aranoa © Sophie Dulac Distribution
Le jury presse s'est montré plus clairvoyant en distinguant Take Shelter de l'américain Jeff Nichols par le Prix de la critique. Le long métrage, primé partout où il est passé, suit le comportement étrange d'un homme fragile en proie à de terribles cauchemars. Une grande maîtrise visuelle à découvrir en salles le 4 janvier prochain.
La grande déception vient de l'absence du remarquable L'exercice de l'état de Pierre Schoeller, seul film français de la compétition qui scrute finement les compromissions d'un ministre des transports aux prises avec les exigences du pouvoir (sortie le 26 octobre).
L'exercice de l'état de Pierre Schoeller © Diaphana Distribution
Le jury documentaire a lui distingué deux longs métrages ex-equo : Norman Foster de Carlos Carcas et Norberto Lopez Amado sur le célèbre architecte (sortie le 16 novembre) et Les nouveaux chiens de garde de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat qui est une virulente dénonciation des médias. Le film a également obtenu le prix du public (sortie le 11 janvier 2012).
Norman Foster de Carlos Carcas et Norberto Lopez Amado © Bodega Films
Enfin, le jury presse a récompensé Khodorkovski de Cyril Tushi, un portrait de l'ancien oligarque russe inculpé en 2003 d'escroquerie et devenu aujourd'hui la bête noire de Vladimir Poutine (sortie le 9 novembre).
Khodorkovski de Cyril Tushi © Happiness Distribution
Fiction
Grand Prix
DETACHMENT de Tony Kaye
Prix du Jury
AMADOR de Fernando Léon De Aranoa
Prix d'interprétation masculine
DANIEL HENSHALL dans LES CRIMES DE SNOWTOWN
Prix d'interprétation féminine
SANDRA HÜLLER dans L'AMOUR ET RIEN D'AUTRE
Prix de la Critique
TAKE SHELTER de Jeff Nichols
Prix du public
DETACHMENT de Tony Kaye
Documentaire
Prix du jury (ex-equo)
NORMAN FOSTER de Norberto Lopez Amado et Carlos Carcas
LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat
Prix de la Critique
KHODORKOVSKI de Cyril Tushi
Prix du public
LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat
Je ne partage pas votre analyse sur Detachment. J'ai pour ma part beaucoup aimé ce film, mêm si je concède que les 10 dernières minutes sont moins bonnes. Il illustre parfaitement la solitude de l'enseignant face à sa classe. Je crois qu'Adirian Brody est ici plus que "sensibleé , incandescent... Quand le jury rejoint le public contre la critique, ça me réjouit! Bien à vous
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