dimanche 6 mars 2016

Belgica


A la manière de. C'est exactement l'impression qui nous gagne à la sortie de la projection de Belgica. Non pas que Felix Von Groeningen soit dénué de talent. Le réalisateur flamand nous avait séduit avec Alabama Monroe, un mélo original et sensible qui révélait une actrice détonante, Verlee Bettens. Le réalisateur s'inspire cette fois de ses souvenirs, ceux de l'époque du Charlatan, un bar enfiévré de Gand où vécut Groeningen de nombreuses années. Le Charlatan s'est transformé en Belgica, lieu de bruit et de fureur qui aurait du nous emporter au-delà du raisonnable. Et pourtant, la fête nous aura rarement parue aussi vaine. 

Joe et Frank sont deux frères très différents. Le premier, célibataire et passionné de musique, vient d'ouvrir son propre bar, le Belgica. Le second, père de famille à la vie rangée et sans surprise, propose à Jo de le rejoindre pour l'aider à faire tourner son bar. Sous l'impulsion de ce duo de choc, le Belgica devient en quelques semaines un endroit incontournable. 


La musique, signée Soulwax, est le cœur battant d'un film qui se veut électrique et endiablé. Les scènes de fête sont légion et les groupes qui se produisent sur scène, inventés par Stephen et David Dewaele, chavirent nos sens par intermittence. Mais savoir filmer l'ivresse de la fête est une chose, la faire vivre au spectateur en est une autre. Et malgré l'application évidente dont fait preuve le réalisateur qui a voulu "faire partager ce mélange étrange d'euphorie, d'excitation de la vie nocturne, ce désir de liberté et ce sentiment d'anti-establishment", on reste toujours le spectateur lointain de ce lieu de perdition. 

Felix Von Groeningen veut mettre ses pas dans ceux du grand cinéma américain qui n'a pas son pareil pour raconter les coulisses du show business et les destinées fracassées sur l'autel des égos démesurés. Il aurait donc fallu des personnages à la hauteur, or ceux que nous propose le cinéaste, entourés d'une déplaisante misogynie, ne sont pas des plus intéressants. Si le jeune frère, avec son œil fermé, possède un certain charme, le second, sorte de caricature de beauf noyé sous la biture et les accès de violence, nous donne envie de fuir. Et le scénario, terriblement prévisible, enchaînant tous les passages obligés, ne fait pas non plus dans la finesse, à l'image de l’antagonisme primaire de ses protagonistes. Une aussi bonne musique méritait décidément mieux que cet étalage de vulgarité satisfaite. 

Antoine Jullien

Belgique / France / Pays-Bas - 2h07
Réalisation : Felix Von Groeningen - Scénario : Arne Sierens et Felix Van Groeningen
Avec : Tom Vermeir (Frank), Stef Aerts (Jo), Hélène Devos (Marieke), Charlotte Vandermeersch (Isabelle). 

Disponible en DVD et Blu-Ray chez France Télévisions Distribution.

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