Im Sang-Soo avait faite forte impression avec
Une femme coréenne et
The president's last bang. Deux longs métrages où la mise en scène la plus sophistiquée servait un propos particulièrement acide sur la société
coréenne. Avec
The housemaid, le cinéaste réalise le remake du film éponyme de Kim Ki-Young datant de 1960. Soit, dans une luxueuse villa au milieu d'un paysage enneigé, l'arrivée d'une bonne qui va rapidement devenir la maîtresse du richissime maître de maison. Jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte et que tous les moyens soient bons pour la faire disparaître.
La mise en scène du cinéaste est, dès les premières minutes, immédiatement séduisante. Grâce à sa virtuosité de la caméra et son sens diabolique du cadrage et de l'espace, le cinéaste installe ses personnages dans un monde raffiné dénué d'âme. L'apparition des différents protagonistes créé un univers peuplé de créatures déshumanisées dans laquelle la jeune soubrette va curieusement prendre ses marques. Pour un temps seulement.
Jeon Do-Yeon
Im Sang-Soo a voulu dépeindre une société avide de pouvoir et prête à tout pour arriver à ses fins. A voir le désarmant sourire lancé par le maître de maison à ses proches, tout s'achète, y compris sa bonne qui accepte sans rechigner. Mais si le cinéaste voulait nous montrer que les barrières morales ont disparu, le discours semble un peu daté et le sujet sulfureux d'alors devient vite réchauffé.
Le cinéaste n'est pas aidé par des personnages ultra caricaturaux et très prévisibles. De la méchante belle-mère à la pauvre femme trompée, Im Sang-Soo n'arrive jamais à leur donner d'épaisseur. Quant à la servante, ses réactions semblent totalement incohérentes jusqu'à la scène finale confinant au grotesque théâtral. Seule la gouvernante révèle une ambiguité intéressante, obligée de faire le sale boulot pour des gens qu'elle méprise.
Enfin, la recherche esthétique d'Im Sang-Soo finit par se retourner contre lui. Etant incapable d'apporter un regard nouveau sur cette histoire, il multiplie les effets de manche sans convaincre. Une réelle déception de la part d'un homme qui nous avait étonné par le passé. Espérons qu'il s'agisse d'une simple erreur de parcours.
En voulant passer à la mise en scène, Ben Affleck a décidé de se racheter une conduite. Après Gone baby Gone, il réalise son second long métrage, The Town, situant son histoire dans l'un des quartiers les plus dangereux de Boston, Charlestown, où les braquages sont monnaie courante. Son personnage commet un casse spectaculaire mais sa bande laisse libre un témoin clef.... qui va tomber amoureuse du braqueur. Une idylle qui se complique à mesure que l'étau de la police se resserre.
L'acteur Ben Affleck n'avait pas grand chose à défendre. Le réalisateur a certainement plus d'armes dans sa besace mais n'est pas un grand cinéaste pour autant. La preuve est faite à la vision de cette
banale série B.
Ben Affleck et Jeremy Renner
Certes, il sait installer une ambiance et filmer très correctement des braquages même s'il abuse jusqu'à plus soif de plans aériens sur-signifiants. Mais avec un scénario mal fichu qui donne trop de place à des sous intrigues inutiles, le réalisateur n'arrive jamais à imprimer sa patte et se contente de filmer assez platement son histoire.
Le spectateur a constamment dix longueurs d'avance sur l'intrigue et doit subir des clichés revus et rebattus (la relation des deux frères amis-ennemis, l'histoire amoureuse). Heureusement, les comédiens, malgré des personnages archétypaux, s'en sortent bien, à commencer par le fougueux Jeremy Renner (la révélation de
Démineurs).
Il faut donc replacer le film pour ce qu'il est, à savoir un honnête
polar du samedi soir pas déplaisant mais sans surprise et qui s'oublie aussitôt les lumières de la salle rallumées.
Antoine Jullien