vendredi 28 octobre 2016

Sing Street


La nostalgie des années 80 envahit les écrans de cinéma et les séries TV depuis quelques temps maintenant. Un phénomène qui n'est pas prêt de s'estomper avec le dernier avatar en date, Sing Street de John Carney. Après Once et New York Melody, le réalisateur s'inscrit à nouveau dans l'univers musical pour une savoureuse réminiscence eighties qui nous ramène à nous souvenirs d'adolescents et à la découverte de nos groupes préférés. Et le réalisateur n'a pas été avare dans sa sélection, convoquant tour à tour Duran Duran, Cure et Simple Minds dans une euphorisante épopée musicale.

Dublin, dans les années 80. Conor, un lycéen dont les parents sont au bord du divorce, est obligé de rejoindre les bancs de l'école publique diffèrent de celle de l'école privée qu'il avait l'habitude de fréquenter. Afin d'échapper aux brimades des élèves et à la rudesse des professeurs, il décide de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers dans lequel il ne connaît rien ni personne. Afin de conquérir une jolie fille du quartier, il lui propose de jouer dans son futur clip. 


On apprécie la manière avec laquelle John Carney récrée l'Irlande de sa jeunesse, touchée à cette époque de plein fouet par une grave crise économique, avec une authenticité et une bienveillance qui nous font immédiatement aimer ses personnages. Le réalisateur s'est inspiré de sa propre vie et cette impression de vécu est palpable tout au long du récit, à commencer par la justesse de sa direction d'acteurs d'où émerge deux révélations, Ferdia Walsh-Peelo et Lucy Boyton, qui vont apprendre à s'aimer et accomplir leur rêve face à une réalité guère reluisante. 

Car si Sing Street est un très plaisant feel good movie, il ne tombe pas pour autant dans un optimisme béat, décrivant les ruptures, les coups et les vicissitudes de l'existence. Mais John Carney parvient à les balayer en filmant le pouvoir galvanisant de la musique dans un élan d'énergie et de partage très communicatifs. Et si les clips des années 80 sont pour vous l'alpha et l’oméga de la culture pop, alors vous n'avez plus aucune raison de passer à côté. 

Antoine Jullien

Irlande / Grande-Bretagne / Etats-Unis - 1h46
Réalisation et Scénario : John Carney
Avec :  Ferdia Walsh-Peelo (Conor), Lucy Boynton (Raphina), Jack Reynor (Brendan), Maria Doyle Kennedy (Penny). 

jeudi 27 octobre 2016

Le festival Smells Like Teen Spirit

 
Le festival Smells Like Teen Spirit fête ce week-end de la Toussaint sa 1ère édition. La manifestation, qui s'ouvrira au cinéma Le Grand Action à Paris avec l'avant-première de Swagger d'Olivier Babinet, met en valeur le teen movie à travers une programmation mélangeant des classiques du genre (Virgin Suicides, Ghost World) des raretés (Pique-Nique à Hanging Rock) et des inédits (Mary is Happy, Marry is Happy). 

Halloween oblige, le festival proposera également au public une soirée pleine d'angoisse autour de 3 films (Nowhere, Fudoh : The new generation et May).
 
Les séances seront présentées par des réalisateurs, critiques et invités.  

Festival Smells Like Teen Spirit du 29 octobre au 1er novembre au Grand Action, 5 rue des Ecoles - 75005
Facebook : @smellsliketeenspiritfestival

mardi 25 octobre 2016

Bleeder, le film inédit de Nicolas Winding Refn

 
Si vous trouvez que Nicolas Winding Refn s'est progressivement perdu dans un formalisme stérile (voir la critique de The Neon Demon), alors ayez la curiosité de découvrir son deuxième long métrage, Bleeder, sorti en 1999 et inédit en salles. Après le succès de Pusher, le cinéaste a fait appel aux même acteurs (dont un certain Mads Mikkelsen) pour une peinture réaliste de la jeunesse désabusée de Copenhague. NWR garde une tendresse particulière pour une œuvre qui affirmait déjà son style percutant. "A bien des égards, Bleeder a dépassé toutes mes attentes : j'ai réalisé au moment de tourner que je m'aventurais dans un registre inédit voire expérimental, hors des conventions établies et de mon propre canevas. Cette démarche a réclamé beaucoup d'efforts, de dépassement de soi, d'apprentissage". 

Léo et Louise vivent en couple dans un appartement insalubre. Découvrant que Louise est enceinte, Léo perd peu à peu le sens de la réalité et, effrayé par la responsabilité de sa nouvelle vie, sombre dans la violence. Au même moment, son ami Lenny, cinéphile introverti travaillant dans un vidéo-club, tombe amoureux d'une jeune vendeuse.

Mads Mikkelsen

Film très autobiographique, Bleeder évoque, à travers le personnage de Lenny, le jeune Nicolas Winding Refn lorsqu'il était étudiant à l'American Academy of Dramatic Arts de New York ou il passait son temps à regarder des films, seul et isolé dans un studio de West Village. Une cinéphilie compulsive qui sert de refuge à Lenny, une manière de s'extraire du réel face au monde extérieur. Nicolas Winding Refn fusionne brillamment les images violentes des films que Lenny ingurgite frénétiquement au comportement de plus en plus agressif de Léo. Le réalisateur entremêle le racisme et la peur de la paternité dans une spirale forcément destructrice. 

On demeure surtout stupéfait par le brio de la mise en scène qui, de l'utilisation de la musique classique au grand angle en passant par la caméra à l'épaule et les mouvements d'appareil, invoque Stanley Kubrick de manière consciente et manifeste. Une époque aussi dans la filmographie du réalisateur où la forme primait autant que le fond. Car en se prenant d'empathie pour des personnages bien peu recommandables mais touchants dans leurs solitude, on se rend compte à quel point Nicolas Winding Refn les a depuis abandonné, désormais uniquement motivé par une épuisante recherche plastique. La sortie de Bleeder, en version restaurée 4K, nous donne donc une occasion privilégiée d'aimer à nouveau son cinéma. 

Antoine Jullien

Danemark, 1999 - 1h34
Réalisation et Scénario : Nicolas Winding Refn
Avec : Kim Bodnia (Léo), Mads Mikkelsen (Lenny), Liv Corfixen (Léa), Rikke Louise Andersson (Louise).

mardi 18 octobre 2016

Flashback Spécial Festival Lumière

Copyright Jean-Luc Mège photographies 2016 - Institut Lumière 
 
Durant toute la semaine, Flashback vous a fait vivre le festival Lumière, la manifestation devenue incontournable des classiques du cinéma et des films du patrimoine. 

Pour le premier numéro, nous avons rencontré Antoine Sire, auteur d'un ouvrage impressionnant, Hollywood la Cité des femmes, qui raconte le parcours d'une centaine d'actrices de l'âge d'or hollywoodien et détaille aussi de manière érudite et passionnée le système des studios. 


Le deuxième numéro de Flashback Spécial Lumière s'intéresse au documentaire de Gregory Monro, Jerry Lewis - Clown rebelle, un portrait amusé et touchant du célèbre comique américain. 


Si vous n'avez jamais entendu parler de Dorothy Arzner, l'une des pionnières du 7ème art et seule cinéaste à Hollywood dans les années 30 et 40, alors écoutez ce 3ème Flashback Spécial Lumière en compagnie du journaliste et écrivain Philippe Garnier. 


Flashback vous fait aussi découvrir les coulisses du festival à travers le Marché du film Classique que nous décrypte son coresponsable, Gérald Duchaussoy. 


Enfin, nous avons eu le privilège de rencontrer le réalisateur Régis Wargnier pour la ressortie d'Indochine en copie restaurée et pour l'hommage rendu à Catherine Deneuve qui a reçu des mains de Roman Polanski le 8ème Prix Lumière. 

mercredi 5 octobre 2016

Flashback - Les films d'hier aujourd'hui

 
Depuis la rentrée, venez découvrir Flashback, la nouvelle (et seule !) émission dédiée à l'actualité du cinéma classique, animée par Antoine Sire et votre serviteur et diffusée chaque premier lundi du mois à 18h sur Séance Radio. L'émission est également disponible en podcast sur Soundcloud et iTunes. 



Lors du premier numéro de septembre, nous avons évoqué les nombreuses ressorties (Showgirls, Mauvais Sang, L'Aurore...) le cycle des films muets d'Alfred Hitchcock à la fondation Jérôme Seydoux-Pathé avec l'intervention de Dominique Enrenfrid, la directrice de la programmation, les sorties DVD/Blu-Ray (L'Autre, Dragon Inn...) et la publication du livre d'entretiens de Samuel Blumenfeld avec Pierre Rissient. Notre invité, Jean-Pierre Lavoignat, nous a parlé du cinéma Les Fauvettes, dédié aux films restaurés, dont il est le programmateur.  



Pour notre émission du mois d'octobre, nous avons reçu Laurence Remila, le corédacteur en chef de la revue Schnock qui consacre sa une à Catherine Deneuve, invitée d'honneur du 8ème festival Lumière de Lyon auquel nous consacrons un large panorama. Au programme également, le cycle Élections à l'américaine à la Cinémathèque française, les ressorties (L'histoire officielle, Mouchette, La Mélodie du Bonheur...), les éditions DVD/Blu-Ray (Little Big Man, Mr Majestyc...) ainsi que le documentaire fleuve de Bertrand Tavernier sur le cinéma français, en salles le 12 octobre. 

Bonne écoute !

Antoine Jullien

Flashback, chaque 1er lundi du mois à 18h sur Séance Radio