lundi 30 mars 2015

Diversion

 
Les films d’arnaque sont rares au cinéma et souvent ratés. Pourtant, ce genre est sans doute l’un des plus jubilatoires pour le spectateur mais aussi pour le réalisateur. Car l’objectif pour lui n’est ni plus ni moins que d’escroquer son propre public, de le forcer à voir son œuvre par le prisme du mensonge et de la manipulation pour finalement lui révéler LA vérité de l’ensemble en le clouant à son siège. Ayant toujours un coup d’avance, il tient en haleine un public heureux de se prêter au jeu.

C’est avec ce genre que Will Smith cherche à revenir au premier plan après l’échec total d’After Earth. En endossant le rôle d’un escroc professionnel, joueur par nature, qui tombe amoureux d’une pétillante collègue amatrice (Margot Robbie), l’acteur américain revient sur des bases plus glamour et se taille un costume trois-pièces dans un film qui tente de marcher sur les pas de L’Affaire Thomas Crown (version Norman Jewison ou John McTiernan, les deux sont tout à fait recommandables). Mais Diversion est-il un tour de passe-passe réussi ou une nouvelle désillusion pour l’ex-Prince de Bel Air ?

Will Smith

La première arnaque de ce film est de se faire passer pour un nouveau Ocean’s Eleven alors que Diversion est en fin de compte une simple romance tournant quasi exclusivement autour des deux personnages principaux. Alors certes, ce sont des voleurs, ils expliquent leurs coups, montrent certaines ficelles mais le film refuse de jouer sur les faux-semblants. La jolie voleuse est-elle réellement celle qu’elle dit être ? À quel moment démarre le véritable coup ? Dois-je croire ce qu’on me dit, ce que je vois ? Autant de questions qui n’ont finalement pas lieu d’être puisque le film ne mange pas de ce pain-là. Heureusement, nous avons droit à quelques séquences d’arnaques pures mais elles ne sont jamais véritablement exploitées. La plupart d’entre elles trichent même carrément en ne donnant pas toutes les informations nécessaires au public comme en témoigne l’affrontement final résolu par un retournement de situation poussif et particulièrement grossier. Les nombreux passages où les réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa (Crazy, Stupid, Love, I Love you Phillip Morris, Bad Santa) nous expliquent les tours de passe-passe sont très agréables à suivre mais lorsqu’il s’agit pour eux de jouer avec le spectateur, la promesse de la supercherie n’est pas vraiment tenue. 

Margot Robbie

L'autre écueil de Diversion est sa rupture de trame qui divise le film en deux histoires distinctes séparées par une ellipse de trois ans. Ici aussi, pas la peine d’y voir une quelconque manipulation des réalisateurs, tout ceci ne sert qu’à faire évoluer de façon artificielle la relation Will Smith/Margot Robbie sans rien n’amener de plus à une histoire globalement faible. De plus, ce genre de procédé tend à lasser un spectateur qui doit s’intéresser à une nouvelle intrigue, à de nouveaux personnages en ayant l’impression de repartir à zéro. 

Même si Diversion reste un joli bonbon hollywoodien sympathique à regarder, il n’offre rien de véritablement captivant sur la forme en privilégiant son aspect romantique plutôt que d’essayer de travailler un genre particulièrement ludique. On en vient à se demander si l’arnaque promise n’était pas destinée en fin de compte à son propre public.  

Alexandre Robinne

Etats-Unis - 1h45
Réalisation et Scénario : Glenn Ficarra et John Requa 
Avec : Will Smith (Nicky), Margot Robbie (Jess Barrett), Rodrigo Santoro (Garriga), Gerard McRaney (Owens).


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