Qu'est-ce exactement qu'un bon polar ? Fred Cavayé a du se poser cette question plus d'une fois en préparant A bout portant. Reprenant le canevas hitchockien classique, le héros accusé à tort devant prouver son innoncence, le réalisateur a eu en tête les modèles du genre. Sans crainte, il reprend le même titre que le classique de Don Siegel avec Lee Marvin, lui-même un remake des Tueurs de Siodmack. Mais arrêtons les références pesantes qui ne servent ni le réalisateur ni le film.
Samuel est aide-soignant. Sa femme, qui va bientôt accoucher, est brutalement kidnappée sous ses yeux. A son réveil, le téléphone retentit : il a trois heures pour sortir de l'hôpital un truand recherché par la police. S'il veut retrouver sa femme vivante, il va devoir faire vite.
Gilles Lellouche et Roschdy Zem
Un pitch accrocheur, un réalisateur prometteur, un casting ad hoc (Lellouche, Lanvin, Zem) et à l'arrivée, une grosse déception. Le réalisateur, malgré ses bonnes cartes en main, ne nous livre pas le thriller haletant recherché, la faute à un scénario qui accumule les invraisemblances avec la rapidité d'un sprinter. Passé l'introduction, le film tombe dans les incohérences les plus grossières et perd de fait le spectateur en route. Bien qu'il ne réalise pas un polar réaliste ou documentaire, Fred Cavayé se devait d'apporter un semblant de crédibilité à son histoire. De flic ripoux improbables en guérilla urbaine aussi soudaine que fumeuse en passant par des personnages unidimensionnels, le cinéaste est incapable de renouveler le genre ou de lui apporter un semblant de personnalité. Sans parler de la musique envahissante et de l'épilogue inutile.
Votre serviteur étant un friand des films noirs, on se devra de terminer sur une note plus optimiste en constatant que le réalisateur, sans effets tape à l'oeil, maîtrise sa mise en scène et qu'il nous offre un moment jouissif, une captivante course poursuite dans le métro parisien filmée au cordeau avec une réelle efficacité. Espérons que pour son prochain film, Fred Cavayé nous réservera davantage d'adrénaline que ces quelques minutes palpitantes.
Antoine Jullien
Antoine Jullien
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