mercredi 1 décembre 2010

Quartier lointain

Qui n'a jamais souhaité pouvoir revivre son passé ? Cette question a obsédé l'auteur japonais Jiro Tanigushi au point d'en faire un manga devenu culte "Quartier Lointain". Le réalisateur Sam Gabarski  (à qui l'on doit le remarqué Irina Palm) l'adapte au cinéma en situant son intrigue non pas au pays du Soleil Levant mais dans un village français des Alpes durant les années 60. 

Alors qu'il vient à Angoulême signer une dédicace, un auteur de bande dessinée se retrouve par un hasard malencontreux dans son village d'enfance où il n'était pas revenu depuis une éternité. Se recueillant sur la tombe de sa mère, il tombe dans les pommes et se réveille dans son corps d'adolescent quelque quarante ans plus tôt. Parviendra-t-il à empêcher son père de quitter le foyer pour ne plus jamais revenir ? 

Accompagné par la douce et enveloppante musique d'Air (déjà auteur de la magnifique BO de Virgin Suicides), Quartier Lointain nous plonge dans un tendre parfum nostalgique avec volupté et légèreté. Filmant ce petit village isolé loin de tout naturalisme, Sam Gabarski retrouve le charme et la candeur de l'adolescence. Grâce à un jeune acteur prometteur, Leo Legrand, le cinéaste montre très bien le décalage qui s'opère lorsque l'on se retrouve soudain ado dans la tête d'un adulte. 

Jonathan Zaccaï et Leo Legrand

Bouleversant le calme familial, le jeune garçon va tout faire pour mieux connaître son père. Incarné par Jonathan Zaccaï, ce personnage renfermé, peu aimable et si distant avec les siens avait besoin de toute la sensibilité du comédien pour qu'il ne soit pas qu'une vague figure patriarcale. Ce mystérieux rapport père-fils est le coeur d'un film qui nous interroge sur notre besoin, à un moment de notre vie, de revenir vers nos racines en tâchant de mieux les comprendre. Le film de Sam Gabarski est lucide car le retour vers le passé ne peut malheureusement pas éviter les mêmes peines. Mais cet attachant voyage temporel finira par nous apporter une pointe de sérénité. En ces temps ombragés, voilà une bonne nouvelle.

Antoine Jullien


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