mercredi 1 décembre 2010

Inside Job


Quelques mois après Cleveland contre Wall Street, Inside Job pose un nouveau regard sur la crise financière. De manière plus vaste que le documentaire de Jean-Stéphane Bron qui partait d'un cas précis pour décrypter les causes du désastre, le réalisateur américain Charles Ferguson a vu grand en interviewant les principaux acteurs de la crise, économistes, conseillers, professeurs, analystes et même deux célèbres frenchies : le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn et la ministre des finances, Christine Lagarde. 

Découpé en cinq chapitres, Inside Job brosse toutes les étapes du fiasco, des origines du mal aux conséquences dramatiques que l'on connaît. Pédagogique et palpitant comme les meilleurs thrillers, le film, commenté sobrement par Matt Damon, nous éclaire sur des points généralement restés dans l'ombre : l'importance ahurissante des agences de notation et la compromission des enseignants des plus prestigieuses écoles américaines (Harvard, Columbia), pieds et poings liés avec les yuppies de Wall Street. Cet immense conflit d'intérêt révélé au grand jour nous laisse dans un état d'effroi. Car le film démontre avec une précision diabolique la collusion générale de tous les secteurs de la finance, des banques d'investissement aux assurances en passant par les fonds de pension qui se sont tous entendus  pour créer une immense bulle qui menaçait d'éclater à tout instant. 

Salvateur et terrifiant, le documentaire ne se veut pas un pamphlet simpliste à la Michael Moore. Même si Charles Ferguson a son point de vue, il ne l'assène jamais, interrogant ses interlocuteurs de manière pugnace, les plaçant devant leurs contradictions, les prenant parfois en flagrant délit de mensonge. Bien que les principaux "coupables" n'aient pas souhaité participer, les images d'archives et le commentaire les révèlent tels qu'ils sont, des êtres cyniques et irresponsables menant le monde à leur guise sans se soucier une seconde des dégâts qu'il commettent. Mais contrairement aux films hollywoodiens et leurs habituels happy ends, Inside Job se termine sur une note amère, où l'on voit un président américain soit-disant porteur d'espoir et d'intégrité s'entourer des fautifs d'hier, où les criminels ne sont ni jugés ni condamnés. Comme dirait notre grand maître penseur, George Abitbol : Monde de merde. 


Antoine Jullien


1 commentaire:

  1. Excellent reportage et je suis d'accord avec ton commentaire à 200% . Sur qu'à la sortie du film , Obama dégringole de quelques étages et on sort totalement désabusé même si on l'était déjà pas mal ....

    RépondreSupprimer