Doit-on s'interroger sur l'unanimité quand elle semble à ce point incontestable et incontestée ? Sans désir d'aller à tout prix à contre-courant, nous allons tenter d'adopter une approche différente de La guerre est déclarée, plus juste et plus proche à nos yeux de l'oeuvre acclamée.
Comme chacun le sait désormais, Valérie Donzelli s'est inspirée de sa propre histoire, à savoir le combat qu'elle a mené avec son compagnon d'alors, Jérémie Elkaïm, pour sauver leur enfant, Adam, victime d'une tumeur cérébrale. La maladie n'est pas le sujet principal mais plutôt l'histoire d'amour entre les deux amants jouant ici leur propre rôle qui finiront pas vaincre cette difficile épreuve.
La réalisatrice prend d'emblée la mesure du fort potentiel mélodramatique de son sujet et évite ainsi tout pathos et mauvais suspense en nous montrant d'emblée Adam quelques années plus tard, guéri. Le film ne quittera plus les rails de cet optimisme souvent réjouissant. La drôlerie se mêle continuellement au drame et Valérie Donzelli arrive à trouver une voie personnelle et originale, nous présentant d'abord ce couple plutôt attachant qu'elle baptise Roméo et Juliette (idée un peu facile, reconnaissons-le), filmant l'insouciance de leur jeunesse puis leurs débuts de parents jusqu'à la terrible nouvelle.
Jérémie Elkaïm et Valérie Donzelli
Le film est aussi un patchwork d'influences diverses comme en témoigne les choix musicaux, alternance de rock branché, de classique et de musique électronique. Une volonté qui montre bien l'éclectisme stylistique dont fait preuve la réalisatrice qui se permet tout autant une folle échappée dans un hôpital que l'utilisation pas banale de la voix-off. Cette liberté, contagieuse et revigorante, a aussi ses défauts. Entre deux séquences inspirées, le rythme et l'énergie du film retombent comme un soufflet. Et si Donzelli nous emporte dans des moments d'une grande intensité, elle tombe aussi dans les travers du remplissage.
Mais notre léger agacement vient de ce supposé hymne à la vie. Sans doute victime de notre insensibilité, le positivisme assumé de Valérie Donzelli ne nous a pas émus aux larmes. Car l'on sent que la réalisatrice se réfugie derrière une théâtralité qui dissimule trop la complexité humaine de son histoire comme le démontre la séquence dénuée de grande subtilité où la famille apprend la maladie d'Adam sur la musique appuyée de Vivaldi. De même que le jeu des comédiens un brin décalé qui, après nous avoir charmé un temps, finit par mettre le spectateur à distance. Quant à la fin, ne révèle-t-elle pas en réalité que le combat n'a pas été totalement gagné ? A force d'éviter soigneusement les aspects plus sombres de son sujet, le film paraît soudain un peu trop frêle pour supporter de tels éloges. La sincérité, aussi touchante soit-elle, n'accouche pas forcément du génie cinématographique.
Antoine Jullien
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Cher Julien, je pense au contraire que le film est plus fort qu'il n'en a l'air, et que la communication qui l'entoure ne laisse croire. Comme dans une chanson de Charles Trenet, la mélancolie nous gagne malgré la vivacité de la mélodie. La noirceur transparaît (et donne toute sa profondeur) aux couleurs pop du très beau film de Valérie Donzelli.
RépondreSupprimerOuf enfin quelqu'un de sensé. (je parles pas de l'ange, parce que comparer un film sur une maladie infantile grave à une chanson de charles Trenet...)
RépondreSupprimerQui se posera la question de l'aspect malsain du film ?
Pour faire un film qui marche commencez par pondre un gosse. Ensuite, priez pour qu'il tombe malade. Si ça maladie est très grave vous êtes de sacrés vernis ! Bon c'est vrai s'il meurt ça risque d'être assez triste, mais s'il s'en sort, vous pourrez vous faire plein de pognon en vous faisant mousser comme "parents très courageux" !
Ce film est révoltant, et l'adulation dont font l'objet les deux exhibos qui l'interprètent tout autant.