mercredi 28 septembre 2011

Les hommes libres


Les bons sujets ne font pas toujours les bons films. En racontant l'engagement de Younes (Tahar Rahim), un jeune émigré algérien, vers la résistance française, le réalisateur Ismaël Ferroukhi évoque pour la première fois le rôle des musulmans durant la seconde guerre mondiale et l'importance du recteur de la mosquée de Paris, Sir Kabbour Ben Ghabrit, suspecté par la police française de délivrer des faux-papiers à des juifs. Mais ce qui promettait d'être passionnant devient à l'écran un film terne qui n'est pas à la hauteur de sa noble ambition. 

La reconstitution du Paris occupé n'est jamais convaincante, la faute sans doute à un cruel manque de moyens qui se voit à chaque plan du film. Le réalisateur, guère inspiré, ne cherche jamais à combler ce manque, l'accentuant même par une mise en scène terriblement paresseuse où le champ-contrechamp semble être l'unique leçon que le cinéaste ai retenue. Les scènes d'action ne sont pas en reste, parfois proches du grotesque lorsque l'on assiste, atterré, à une scène de fusillade d'une mollesse absolue. 

Tahar Rahim et Mahmoud Shalaby 

Les comédiens font ce qu'ils peuvent, en premier lieu l'immense Michael Lonsdale dans le rôle du recteur. Sa sagesse et son ouverture d'esprit lui permettent de s'adresser à toutes les communautés, même aux allemands avec lesquels il entretenait des rapports cordiaux. Mais l'homme demeure trop en retrait de l'intrigue pour que l'on s'y intéresse vraiment. Le reste de la distribution est beaucoup plus inégal, à commencer par Mahmoud Shalaby, peu crédible en Salim Halali, chanteur très connu à l'époque et pourchassé par la police. La plus grande déception vient de Tahir Rahim, la révélation d'Un Prophète, totalement atone dans ce personnage qui collabore dans un premier temps, considérant que "cette guerre n'est pas la sienne" avant de prendre conscience de la barbarie autour de lui. Le manque de charisme du comédien, si impressionnant dans le film de Jacques Audiard, nous laisse pantois. 

Une impression de gâchis domine à la sortie d'un film certes sincère mais qui est incapable de complexifier une situation et des personnages enfermés dans un scénario sans relief. La lourdeur des Hommes libres et ses maladresses répétées finissent pas nous indifférer définitivement malgré son indéniable valeur historique.

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez France Télévisions Distribution

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