mercredi 21 septembre 2011

Restless


La modestie a parfois du bon. Loin de ses objets arty et de ses films hollywoodiens pompiers, Gus Van Sant a remballé ses afféteries, géniales pour les uns, irritantes pour les autres mais n'a pas pour autant vendu son âme au diable. Film de commande, Restless ressasse bien l'un des thèmes essentiels de la filmographie du cinéaste : le spleen de l'adolescence. 

Enoch et Annabel se rencontrent lors d'un enterrement où ils n'ont rien à y faire. Mais ces deux êtres à part entière sont attirés par une même morbidité joyeuse qui les tiennent éloignés de la réalité de leurs vies. Lui a perdu ses parents lors d'un accident de voiture et elle est en phase terminale d'un cancer. Malgré cette funeste destinée, elle va tomber amoureuse de cet étrange garçon. Le début d'une relation exceptionnelle. 

Mia Wasikowska et Henry Hooper

C'est une histoire d'amour peu banale que nous raconte Gus Vant Sant, empreinte d'une drôlerie macabre que n'aurait certainement pas reniée Tim Burton (la musique est d'ailleurs composée par Danny Elfman !) et d'une poésie aérienne amplifiée par le côté décalé des personnages. Le charme des comédiens y est d'ailleurs pour beaucoup, la fragilité de Henry Hooper (le fils du regretté Dennis) et la candeur de Mia Wasikowska (l'Alice au pays des Merveilles de Burton) restent longtemps en mémoire. On voit, légèrement émerveillé, ce couple insolite se former en dépit de toutes les circonstances qui devraient rendre cette relation caduque. Tout en n'écartant pas l'aspect mélodramatique de son sujet, Gus Van Sant ne fait preuve d'aucune naïveté, élevant ses protagonistes vers un ailleurs où l'imaginaire a une place primordiale. 

Hiroshi, ce personnage d'aviateur japonais tout droit sorti de la tête d'Enoch, est le partenaire fantasmé du jeune homme guetté par la solitude. Un garçon sans repères qui voit dans sa relation avec Annabel l'occasion de vivre une histoire dont la fin irrémédiable ne doit pas lui enlever son caractère unique. Une mélancolie profonde se dégage peu à peu du film, magnifiée par les belles couleurs mordorées de la région de Portland que Gus Van Sant aime tant filmer. Le spectateur, gagné par l'émotion au moment des adieux, ressort de la salle touché mais heureux. Faussement mineur, Restless ("sans repos"), l'un des meilleurs films du cinéaste, nous sert secrètement le coeur afin de nous rappeler que toutes les histoires d'amour sont possibles, à condition d'y croire. 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Sony Pictures Entertainment.

3 commentaires:

  1. J'aime beaucoup tes critiques :)
    Personnellement, je n'ai pas aimé Restless, passe faire un tour ici : http://jecritique.eklablog.com/restless-a5874336

    Et n'hésite pas à me donner ton avis :) (sache que ma critique, si tu la lis, c'est mon avis et pas un cas universel, alors ne te fache pas car je ne l'ai pas du tout aimé)

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  2. Bonjour Jullelien, merci pour cette critique qui ne fait que confirmer mon intérêt pour le travail de Gus Van Sant. Personnellement, je n'ai pas vu tous ses films, mais j'ai beaucoup apprécié sa trilogie "arty" : Elephant, Last days et surtout Paranoïd park, qui offre un regard très juste sur les années d'adolescence.
    Celui-ci, d'après la bande-annonce, paraît effectivement plus "main stream", tout en étant sans doute, comme tu le fais remarquer, assez personnel. La tristesse de fond du sujet fera sans doute que je n'irai pas le voir tout de suite, mais merci pour l'info. Ch.

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