mercredi 4 mai 2011

Animal Kingdom


Sans doute la naissance d'un grand cinéaste. Les dernières images d'Animal Kingdom, brutales et irréversibles, en sont la preuve. Pour son premier long métrage, l'australien David Michôd a frappé un grand coup dans le film noir avec le portrait de cette famille de criminels. Un genre difficile à renouveler que le cinéaste balaye de bout en bout. 

Une rue anonyme dans la banlieue de Melbourne. C'est là que vit la famille Cody. Profession : criminels. L'irruption parmi eux de Joshua, un neveu éloigné, offre à la police le moyen de les infiltrer. Il ne reste plus à Joshua qu'à choisir son camp... 

Dans le film policier, tout est affaire de style. David Michôd empreinte aux grands maîtres qui l'ont inspiré (Coppola, Scorsese) pour bâtir une tragédie grecque dans laquelle les liens du sang sont plus fort que tout. Il signe une mise en scène d'une élégante sobriété où la noirceur de la photographie imprègne magistralement les destins funestes des protagonistes. Car les morts s'accumulent chez les Cody qui souhaitent vivre comme n'importe qu'elle famille. Cette illusion est entretenue par la matriarche qui régente tout, Janine, la mère de ses quatre fils (interprétée par la vénéneuse Jackie Weaver). Affreusement gentille, elle peut, en un simple mouvement de lèvres, passer de l'affection sincère à la menace, n'hésitant pas un instant à faire exécuter son neveu afin de protéger les intérêts des siens. 

Jackie Weaver et Joel Edgerton

Au fur et à mesure des meurtres, la frontière entre les flics et les truands devient poreuse car ils emploient finalement les mêmes méthodes. Mais le policier joué par Guy Pearce est là pour remettre Joshua sur le droit chemin en l'incitant à trahir son clan. Face à un oncle d'une dangerosité telle qu'il peut, presque imperceptiblement, assassiner sa petite amie en une fraction de seconde, Joshua est contraint de faire un choix pour sa survie. A moins qu'il ne cache un autre dessein. 

D'une tension implacable qui va crescendo, David Michôd contourne les passages obligés en ne s'intéressant qu'à l'essentiel. Il réalise une oeuvre d'une grande puissance dramatique en y injectant une atmosphère poisseuse qui prend vite à la gorge. Noir, c'est noir comme disait la chanson. Oui, mais avec quelle classe ! 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez ARP Sélection.

1 commentaire: