mardi 17 mai 2011

Cannes - Jour 5

Brad Pitt avant la conférence de presse de The Tree of life

L'évènement du jour, c'était bien sûr la présentation du tant attendu The tree of life de Terrence Malick. Le cinéaste, fidèle à sa légende, n'a pas foulé le tapis rouge, laissant ses admirateurs languir au bas des marches avant de découvrir le Saint Graal. Nous reparlons du film prochainement mais il a plutôt divisé les festivaliers, entre fascination et ricanements. 

The Artist de Michel Hazavanicius  Warner Bros.

La France est particulièrement présente cette année avec quatre longs métrages en compétition dont deux que l'on a pu découvrir ces derniers jours. Commençons par ce qui est sans doute jusqu'à maintenant le long métrage le plus enthousiasmant du festival. The Artist reforme la paire gagnante de OSS 117 - Jean Dujardin et Michel Hazanavicius en tentant un pari fou, réaliser un film intégralement muet comme ceux des années 20 avec musique accompagnante et intertitres. Le projet, soutenu courageusement par le producteur Thomas Langmann, semblait inconcevable. Mais Michel Hazanavicius nous a déjà prouvé sa faculté à récréer une époque avec une élégance esthétique très rare dans la comédie française. L'ambition est cette fois montée d'un cran car le cinéaste s'attaque à l'âge d'or du cinéma muet qu'il vénère : Murnau, Lang, Chaplin, les premiers Lubitsch. En référence à Chantons sur la  pluie, le film évoque l'arrivée du parlant qui provoque la mort artistique de George Valentin alors que Peggy Miller, jeune figurante, va elle être propulsée au rang de star. Un plaisir immédiat se dégage des premières images, splendides, en hommage à Métropolis. Mais Hazanavicius ne se contente pas de récréer un style de film aujourd'hui disparu, il en réalise une variation personnelle avec les codes établis du cinéma muet. Les acteurs, au diapason, ont adopté les expressions et les mimiques de l'époque. Une interprétation convaincante au service d'une mise en scène d'une légèreté admirable, ne cherchant jamais à supplanter ses modèles indépassables. Le film nous saisit rapidement pour ne plus nous lâcher malgré un derniers tiers répétitif. Une merveille d'invention qui va jusqu'au bout de son ambition et une déclaration d'amour à un cinéma qui ne cesse de nous hanter. On ne voit pas comment il pourrait repartir bredouille du palmarès...


L'Apollonide - souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello  Haut et Court

Le pire du cinéma français est venu de Bertrand Bonello qui nous a infligé son Apollonide - souvenirs de la maison close, une chronique de la vie d'un bordel en 1900. Sans aucune idée de mise en scène à part celle très éculée de plaquer de la musique rock sur un film d'époque, Bonello enchaîne mécaniquement les séquences montrant ces jeunes femmes subir les désirs malsains de leurs clients. Si certaines scènes sonnent justes et l'interprétation ne fait pas défaut, on ne sent jamais le réalisateur impliqué par son sujet et encore moins par ses personnages. 2h08 qui finissent par nous paraître interminables, s'achevant sur le final le plus consternant que l'on pouvait imaginer. Il y a parfois des cinéastes qui ne méritent pas les honneurs qu'on leur fait. Bonello est de ceux-là... 

Au revoir de Mohammad Rasoulof  Pretty Pictures

Au moment ou Jafar Panahi s'apprête à présenter son film, un autre cinéaste iranien, Mohammad Rasoulof, était, lui, à un Certain Regard avec Au revoir. Tourné clandestinement à Téhéran, le cinéaste suit une jeune femme avocate à qui l'on a retiré sa licence de travail. Vivant seule car son mari journaliste est entré dans la clandestinité, elle décide, alors qu'elle est enceinte de quelques mois, de quitter le pays. Car selon elle, il vaut mieux être étrangère à l'étranger qu'étrangère dans son propre pays. Cette idée résume parfaitement ce long métrage froid mais marquant. Le réalisateur dépeint une société secrètement répressive dont la corruption gangrène toutes les strates de la population, de l'agence de voyage que l'on soudoie afin d'obtenir un visa à l'hôtelier auquel on donne quelques billets pour avoir le droit de passer une nuit seule. Un film qui nous parle d'un Iran malade de son état totalitaire dont les habitants ne ressentent que peur et suspicion. Mohammad Rasoulof, en longs plans fixes, nous donnent à voir et à entendre une situation terrifiante qui lui vaut d'être actuellement sous le coup d'une procédure judiciaire dans son pays. 

Antoine Jullien

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