mardi 15 décembre 2009

Louise Bourgeois : l'araignée, la maîtresse et la mandarine


Il est toujours périlleux de réaliser un portrait d'un artiste, qui plus est de la grandeur de Louise Bourgeois. C'est pourtant ce pari un peu fou qui a été mené par deux réalisatrices, Amei Wallach et Marion Cajori (décédée depuis). En 1993, elles se sont immergées dans l'atelier de l'artiste, alors âgée de 82 ans, recueillant ses propos et ses interrogations sur l'art, la famille, le surréalisme, la mort, et la filmant en train de sculpter ou de peaufiner ses dernières installations.

Amei Wallach et Marion Cajori ont réussi le plus difficile : se hisser à la hauteur de cette femme immense en ne tombant pas dans le piège de l'hagiographie pompière. Louise Bourgeois a quitté la France juste avant la guerre pour aller s'installer aux USA. Elle rencontre alors des figures essentielles du surréalisme (André Breton et Marcel Duchamp) avant de se faire enfin connaître dans les années 70 jusqu'à son exposition au Musée d'art moderne de New York en 1982 qui la place comme l'une des artistes majeures du XXème siècle.


En exergue, Louis Bourgeois nous dit que l'art est une bonne manière de se connaître soi-même et de faire travailler son inconscient. Tout au long de ce parcours, on découvre on redécouvre ses œuvres majeures filmées avec une élégance et une pudeur remarquables dont les fameuses araignées ainsi que ces cellules qui dégagent tant d'étrangeté et de malaise. Elles sont la preuve éclatante du questionnement permanent de l'artiste sur son passé et sur sa famille.

Cette femme a un tempérament hors du commun et le transmet magnifiquement. Son autorité, son refus absolu des conventions, sa dureté en font une personne qui cache des abîmes de souffrance et de tristesse. Soudain, elle se met à raconter une anecdote sur son père qui la comparaissait petite à des épluchures de clémentine et l'on voit la détermination disparaitre sous de douloureux sanglots. On mesure alors les raisons qui l'ont poussée à aller aussi loin dans l'exorcisation de sa propre enfance.

Même si l'oeuvre de Louise Bourgeois vous est inconnue, n'hésitez pas à franchir la porte de son univers si singulier grâce à ce documentaire éclairant et passionnant.

Antoine Jullien 

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