En adaptant pour la première fois un obscur comics estampillé Marvel, Disney nous rappelle que la firme américaine possède la franchise la plus rentable mais aussi la plus formatée du moment. De là à en conclure que le cœur de la compagnie aux grandes oreilles est en train d’être passé à la moulinette de la fainéantise cinématographique, il n’y a qu’un pas à ne pas franchir trop rapidement. Car après Raiponce et La Reine des Neiges, Les Nouveaux Héros prouvent que le pôle animation du géant hollywoodien, mené par le génial John Lasseter, en a encore sous la pédale.
Big Hero 6 (le titre original) nous plonge dans la ville fictive de San Fransokyo, un San Francisco à la sauce nippone, où évoluent le jeune Hiro Hamada et son grand frère Tadashi, tous deux passionnés de robotique. Le benjamin développe ses robots dans le but de faire de l’argent facile lors de combats clandestins tandis que l’aîné travaille d’arrache-pied à l’élaboration d’un androïde médical : le Bibendum Baymax. Les choses tournent au drame lorsque Tadashi meurt subitement, laissant Hiro dans le désarroi le plus total. Comprenant assez vite que la disparition de son frère n’a rien d’accidentel, le jeune garçon mène l’enquête avec l’aide de Baymax qu’il va peu à peu faire évoluer.
Les Nouveaux Héros a le mérite de surprendre son spectateur dans un univers à mi-chemin entre la culture américaine et japonaise. La ville de San-Fransokyo charme la rétine, le rythme effréné du film cloue le spectateur sur son siège tandis que le nounours Baymax amène humour et légèreté dans cette aventure sortant en apparence des sentiers battus. L’émotion n’est jamais très loin, notamment dans sa magnifique séquence finale, et l’on ressort du film heureux d’avoir passé un bon moment haut en couleur. L’emballage est parfait.
Mais quand on regarde de plus près, force est de constater qu’il n’y a finalement rien de bien neuf dans la firme de tonton Walt. Le scénario est émaillé de personnages lisses à l’évolution évidente (quand il y a évolution) et l'univers riche ne l'est en réalité qu’à moitié : passé la découverte de San Fransokyo, le design du film ne rompt jamais avec la tradition graphique de la major malgré l’influence nippone. C’est d’autant plus dommageable lorsque l’on prend en compte la richesse de l’animation au pays du Soleil Levant. D’ailleurs qui y a-t-il de profondément asiatique dans cette production 100 % américaine ? En réalité, pas grand-chose, si ce n’est le masque du méchant issu du théâtre Kabuki.
Tout ceci ne gâche pourtant pas notre plaisir de spectateur car malgré ces relatives faiblesses, le film garde un atout capital dans sa manche : Baymax. Utilisant la technique du poisson hors de l’eau, ce robot conçu pour sauver des vies humaines est peu à peu détourné de son objectif pour devenir une arme létale. Mais la bonhommie de cette machine couplée à sa naïveté burlesque en font le personnage le plus riche et le plus convaincant de cette histoire. Par lui passe le deuil de Hiro, par lui passe l’émotion et le rire, par lui passe la magie de Disney. Et rien que pour ça, l’aventure en vaut la chandelle.
Etats-Unis - 1h42
Réalisation : Don Hall et Chris Williams - Scénario : Jordan Roberts, Daniel Gerson, Robert L. Baird.
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