mardi 4 mars 2014

The Grand Budapest Hotel


Stefan Zweig est cité au générique de fin de The Grand Budapest Hotel comme une source d'inspiration majeure. Le célèbre écrivain autrichien a fortement influencé Wes Anderson dans l'élaboration de son film qui se situe dans un pays imaginaire de la Mitteleuropa, la Zubrowska. Nous sommes au début des années 30 et Mr Gustave règne en maître au Grand Budapest Hotel. Hâbleur et distingué, l'homme se retrouve embarqué dans une affaire de vol de tableau, aux côtés de son fidèle loby-boy, Zero. Une aventure rocambolesque au cœur de la vieille Europe en pleine mutation. 

D'emblée, Wes Anderson ne fait pas comme tout le monde. Il mélange les époques et les formats d'image à sa guise pour nous raconter la fin d'une civilisation. Mr Gustave est l'incarnation d'un monde en train de mourir alors que la guerre approche. Si le cinéaste a délibérément choisi un territoire fictif, les drapeaux brandis par l'armée occupante rappellent étrangement ceux des nazis. Mais cette évocation historique est secondaire tant la légèreté et l’ingéniosité du cinéaste prédominent. 

 Ralph Fiennes et Tony Revolori

Décors raffinés, plans millimétrés, burlesque savant, l'univers de Wes Anderson est immédiatement reconnaissable, ne serait-ce que par ces méticuleux panoramiques dont lui seul a le secret et qui demeurent la colonne vertébrale de sa mise en scène. On ne peut être qu'admiratif devant tant de sophistication et d'inventivité formelle. Cette course poursuite en stop motion au milieu d'une forêt enneigée est un modèle du genre de même que cette scène de pugilat au sujet de l'héritage de Madame D. (géniale Tilda Swinton) et tous ces empreints à un cinéma disparu qui a nous tant émerveillé.

Adrien Brody

On savoure cette échappée fantaisiste avec bonheur et on est une fois encore subjugué par la somme de talents que le cinéaste a de nouveau réuni : Edward Norton, Bill Murray, Jude Law, F. Murray Abraham, Adrien Brody, Willem Dafoe, Harvey Keitel et bien sûr Ralph Fiennes qui campe un séduisant Mr. Gustave. Une distribution éclectique qui sert le film, renforce sa loufoquerie et ajoute au plaisir du spectateur. 

Cependant, comme dans son précédent film, Moonrise Kingdom, une légère impression d'inachevé demeure. Si la maison de poupées du cinéaste est un délice à regarder, une fois que l'on a découvert toutes ses pièces, il nous manque un soupçon de trouble pour nous emballer complètement. Malgré un final plus mélancolique, le cinéaste semble un peu prisonnier de son impressionnante maîtrise, ne parvenant pas à dépasser les limites confinées de son univers. Reste qu'un film de Wes Anderson ne ressemble à un aucun autre, et en ces temps de standardisation générale, c'est un bien précieux. Allez visiter le Grand Budapest Hotel et déguster les friandises de chez Mendl's, vous en redemanderez peut-être ! 

Antoine Jullien

Etats-Unis / Grande-Bretagne / Allemagne - 1h39
Réalisation : Wes Anderson : Scénario : Wes Anderson et Hugo Guinness
Avec : Ralph Fiennes (Mr Gustave), Tony Revolori (Zero), Adrien Brody (Dmitri), Willem Dafoe (Jopling), Jeff Goldblum (Kovacs).


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