lundi 1 mars 2010

Ressortie : L'enfance nue


Maurice Pialat nous a quitté il y a sept ans déjà et son oeuvre ne cesse d'inspirer les jeunes et moins jeunes cinéastes, tous à la recherche de cette vérité que le réalisateur d'A nos amours dépeignait avec tant de talent.

L'enfance nue, son premier long métrage qui ressort en copie neuve, nous rappelle à quel point Pialat savait filmer les êtres dans un dépouillement absolu avec une sensibilité bouleversante. Il nous raconte le parcours de François, un jeune garçon abandonné par sa mère et recueilli par une famille d'accueil. Imprévisible, désobéissant, capricieux et voleur, le gamin donne du fil à retordre à ses parents d'adoption qui décident de le renvoyer à l'assistance publique. Pialat ne fait part d'aucun jugement, il montre ce garçon mal dans sa peau et des parents dépassés mais aimants.


François se voit ensuite confier à de vieux paysans. Pialat trouve une authenticité incroyable dans ces instants complices et parfois tendus entre le garçon et ses nouveaux parents, et lors d'échanges en apparence anodins entre le garçon et la grand-mère de cette famille, le cinéaste nous renvoie à notre  enfance qui ne cesse de traverser nos vies.

Pialat, avec une économie de moyens étonnante, dit en peu de plans l'incompréhension, l'incommunabilité mais aussi l'émerveillement propres à cet âge grâce à ce plan magnifique sur le visage du garçon en train de regarder un film. Il n'est pas donc pas étonnant qu'en 1968, Claude Berri et François Truffaut décidèrent de produire le premier film de ce "vieux cinéaste" (il avait 43 ans à l'époque).

La carrière de Pialat confirmera ce goût pour l'âpreté et le refus de toute psychologisation. Une bonne occasion de découvrir ou redécouvrir la naissance d'un cinéaste majeur.

Antoine Jullien 


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