Tony Gatlif s'est toujours passionné pour la communauté tsigane. Il raconte cette fois leur destin tragique et méconnu durant la seconde guerre mondiale.
Un vétérinaire (très bon Marc Lavoine) recueille un jeune garçon dont les parents ont disparu depuis le début de la guerre. Au même moment, une troupe gitane s'installe dans la village, emmenée par l'électron libre Taloche. L'institutrice Mademoiselle Lundi (Marie-Josée Croze) et le vétérinaire se prennent d'affection pour eux et s'arrangent pour que les enfants soient scolarisés. Mais la police de Vichy menace de les arrêter.
La déportation des Roms a été rarement traitée au cinéma. Pourtant, 500 000 d'entre eux sont morts dans les camps. Gatlif fait un travail de mémoire mais à sa manière, folklorique et joyeuse. La gravité est bien présente mais laisse souvent la place à des instants de liberté retrouvée, de communion et de musique endiablée. James Thiérrée, le petit fils de Charles Chaplin, danseur émérite, incarne Taloche, ce grand gamin bohémien, étranger à la terrible réalité qui s'abat sur lui et sa famille. Ce beau personnage lunaire est la clef de voûte d'un film qui s'égare malheureusement sur trop de pistes pour captiver totalement.
Cependant, Gatlif saisit bien la réalité des gitans qui, bien que plongés dans un contexte terrible, n'ont d'autre d'envie que de partir ailleurs vers un nouvel inconnu. Le cinéaste les connaît mieux que personne et sans jamais s'apesantir sur leur destin funeste, il nous donne à comprendre le choc des cultures et la difficile intégration d'une communauté au sein d'un monde qui n'est pas le leur.
Tony Gatlif, s'il garde son amour immodéré pour la musique et ses électrisantes fuites en avant, arrive à se renouveler en évoquant cette histoire vraie et même s'il reste inégal et que son énergie est trop intermittente, son film est un témoignage utile afin que toutes ces personnes disparues retrouvent une mémoire que l'on croyait enfouie à jamais.
Antoine Jullien
Antoine Jullien
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