mardi 16 mars 2010

Amer


Le "giallo" a connu son heure gloire dans les années 70 grâce au cinéastes italiens Mario Bavia et Dario Argento. Le principe était le suivant : un tueur à l'arme blanche pourchassait ses victimes, des jeunes femmes souvent dévêtues.

Hélène Cattet et Bruno Forzani ont décidé de réinterpréter ce genre très populaire tombé depuis en désuétude. Ils ont souhaité l'aborder de manière experimentale, en privant le spectateur d'un récit linéaire et en lui proposant une approche purement visuelle. Les deux cinéastes explorent les peurs et les fantasmes d'une jeune femme à trois périodes de sa vie : l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte.

La première partie, la plus stimulante, est un hommage évident au "Suspiria" de Dario Argento mais l'utilisation impressionnante du cadre, des couleurs (une palme au chef opérateur Manu Dacosse) et du son parviennent à rendre un climat de terreur inédit et hypnotisant, très loin de la ringardise plus ou moins assumée des réalisateurs d'antan.


Ce qu'on voulait, explique Hélène Cattet, c'était que l'histoire soit racontée au travers des sensations éprouvées par le personnage principal. On a essayé d'immerger totalement le spectateur dans la peau de notre personnage. C'était le pari". 

En effet, les deux auteurs vont sans cesse privilégier le langage des images et du son pour nous faire ressentir les émois de cette jeune femme. A titre d'exemple, la course poursuite d'un ballon se transforme en une étonnante séquence syncopée dans laquelle tous les repères spatio-temporels sont brouillés, Hélène Cattet et Bruno Forzani jouant constamment du gros plan avec une maîtrise confondante.

Dans la dernière partie, le procédé devient répétitif et l'intérêt s'amenuise. Mais les métaphores sexuelles que l'on pourra trouver appuyées n'en démontrent pas moins d'une réelle audace de la part des ces deux jeunes réalisateurs qui ont voulu mener leur expérience radicalement, sans aucune concession. Cela ne ressemble à rien de connu et c'est tout son attrait. Face au conformisme ambiant, laissez-vous embarquer...

Antoine Jullien



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire