mardi 9 mars 2010

Crazy Heart et Nine


Deux films musicaux sortent coup sur coup cette semaine. Crazy Heart vient de valoir à Jeff Bridges l'oscar du meilleur acteur pour sa composition de chanteur alcoolo sur le retour qui écume les bars paumés du Texas et qui va retrouver le droit chemin grâce à un amour aussi tendre qu'éphémère.

On se réjouit que ce grand acteur, immortalisé grâce au "Dude" dans The Big Lebowski, soit enfin reconnu par ses pairs. C'est la raison principale d'aller voir Crazy Heart qui, sur le papier, ne brille pas par son originalité. Mais le film dégage un vrai charme grâce à la présence massive de Bridges et la belle musique country filmée avec simplicité et modestie. Le réalisateur Scott Cooper nous dépeint une Amérique authentique avec ses saloons d'un autre temps, ses bowlings sinistres (référence amusée au film des Coen) et ses grands espaces infinis. Le scénario est un peu fabriqué et les péripéties de notre anti-héros sont parfois attendues mais le couple qu'il forme avec la décidément talentueuse Maggie Gyllenhaal est tellement attachant qu'on se laisse vite convaincre de prendre la route en compagnie de ce looser magnifique au doux nom de Bad Blake.



Autre musique avec Nine de Rob Marshall, le réalisateur oscarisé de Chicago. Il adapte un spectacle de Broadway lui-même repris du 8 1/2 de Fellini. Soit un réalisateur en panne d'inspiration pris dans les méandres de sa création et tiraillé par les femmes de sa vie.

Le casting le plus glamour de l'année, Marion Cotillard, Pénélope Cruz, Nicole Kidman et Sophia Loren (la pauvre !) face à l'acteur le plus célébré du moment, Daniel Day-Lewis, accouchent d'une toute petite souris. Il n'y a en effet pas grand chose à retenir de ce barnum chanté et dansé. Rob Marshall essaye de retrouver la volupté du cinéma italien des années 60 et il y arrive quelque fois, notamment lors d'une savoureuse conférence de presse. Mais il échoue le plus souvent à mêler sa réflexion sur le métier de cinéaste (pour cela, revoyez Fellini !) et la comédie musicale qui aura rarement fait preuve d'une aussi grande pauvreté artistique. Les numéros sont terriblement datés, les baisses de rythme constantes, la mise en scène répétitive et tombant même dans la franche vulgarité. A ce titre, le malheureux "strip-tease" de Pénélope Cruz, enrubannée d'une immonde couleur violacée, est affligeant.

Le film mérite-t-il pour autant le massacre de la presse ? Difficile de lui donner tort quand si peu de mélodies résonnent à nos oreilles et que les actrices, aussi belles soit-elles, n'aient rien à défendre. Mais cette exécution ordinaire, un peu suspecte dans son unanimisme, nous obligera à une relative indulgence et l'on se contentera de retenir la belle présence de Marion Cotillard, les décors classieux et le numéro punchy de Kate Hudson.

Antoine Jullien




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