mardi 29 octobre 2013

A propos de Gravity : le directeur de la photographie Emmanuel Lubezki


Sans lui, Gravity ne serait pas le même film. La stupéfiante virtuosité qui se dégage des nombreux plans séquences du long métrage d'Alfonso Cuaron ont été conçus en étroite collaboration avec le directeur de la photographie Emmanuel Lubezki, l'alter ego de Cuaron avec lequel il a fait tous ses films. L'un des opérateurs les plus importants du paysage cinématographique mondial qui trouve dans son association avec Cuaron l'aboutissement de ses prouesses plastiques. 


Pour la fabrication de Gravity, Lubzeki et Cuaron ont inventé une nouvelle technique, la Light Box, afin de rendre compte de la gravité zéro.  L'objet consiste en un cube aux parois intérieures recouvertes de minuscules lampes LED pour recréer la lumière de l'espace, notamment lors des scènes dans lesquelles Sandra Bullock tournoie dans le vide spatial. L'équipe a de plus conçu une caméra petite et maniable pour enregistrer les images dans la Light Box. Un procédé novateur qui a rendu possible l'hyperréalisme que l'on voit à l'écran.


Le plan séquence de l'attaque de la voiture dans Les Fils de L'Homme (2006)

Emmanuel Lubezki n'a pas la réputation d'être un homme d'innovations technologiques, préférant utiliser au maximum la lumière naturelle. Dans Les Fils de l'homme, précédent long métrage d'Alfonso Cuaron, qui voit Clive Owen plongé dans un Londres apocalyptique, le chef opérateur et le cinéaste ont opté pour une approche documentaire, multipliant les plans séquences en caméra portée sans ajouter de lumière artificielle. Grâce à ce choix, le spectateur est placé au coeur d'un Londres en proie au désordre social et à la guérilla. Une ambiance visuelle saisissante renforcée par la direction artistique du film qui mêle hangars désaffectés, rues grouillantes du centre ville et campagne anglaise. Cependant, Lubezki et Cuaron ont créé une séquence inédite lors de l'attaque de la voiture dans laquelle une caméra placée sur le capot du véhicule pivote à l'intérieur de l'habitacle pendant plusieurs minutes, captant en temps réel la violence de l'attaque. Un plan séquence devenu depuis un classique du genre qui a sans doute permis à Lubezki d'assoir sa réputation de technicien visionnaire.


The Tree of Life de Terrence Malick (2011)

Mais on ne peut pas évoquer son travail sans aborder sa collaboration intense avec Terrence Malick. Directeur de la photographie sur Le Nouveau Monde, The Tree of Life et A la merveille (en attendant deux nouveaux films qui devraient sortir l'année prochaine), Lubezki a trouvé grâce à Malick une liberté absolue de manipuler la caméra dans toutes les combinaisons imaginables pour un résultat visuel unique, donnant (déjà !) l'impression au spectateur de flotter à côté des personnages. Les deux hommes ont trouvé les conditions d'un terreau créatif inépuisable que très peu d'artistes peuvent obtenir. C'est la raison pour laquelle les films éclairés et cadrés par Lubezki sont si singuliers, l'ambition esthétique qui l'anime étant toujours au service de l'univers du cinéaste. On salive d'avance à l'idée de découvrir prochainement sa première association avec son compatriote Alejandro Gonzalez Inarritu, Birdman, prévu sur les écrans en 2014.

Antoine Jullien 

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