jeudi 31 mai 2012

Cosmopolis


Les responsables chargés de la publicité des films devraient parfois être sévèrement réprimandés tant ce qu'ils nous promettent sur l'affiche n'est en rien sur l'écran. La réunion de personnalités aussi diverses que le cinéaste David Cronenberg, l'acteur star Robert Pattinson et l'auteur culte Don DeLillo sentait le souffre et la provocation. Oubliez les bandes annonces tapageuses et les images chocs, Cosmopolis est en réalité le pire ratage de l'année 2012, d'une fadeur et d'une pauvreté ahurissantes. Qu'est-il arriver à David Cronenberg pour échouer à ce point ? 

Le film suit la vie d'un trader new-yorkais durant une journée, au bord de sa limousine qui parcourt un Manhattan sombrant peu à peu dans le chaos... 

Robert Pattinson et Sarah Gadon

Le problème avec les grands réalisateurs, c'est qu'ils peuvent tomber dans l'excès de confiance. En adaptant le roman de Don DeLillo, David Cronenberg a confié avoir terminé le scénario en six jours seulement car il souhaitait conserver l'essentiel du livre, se contentant de recopier au mot près les dialogues. Cosmopolis est ainsi devenu l'un des plus mauvais exemples à donner d'une transposition d'un roman sur grand écran car le spectateur a sans cesse l'impression de regarder un livre ouvert et non un film s'animer sous ses yeux. Incapable d'apporter la moindre vie à cet univers froid et désincarné, le cinéaste tente de se réfugier derrière son comédien principal qui n'a qu'une seule expression à nous offrir pendant toute la durée du métrage. 

L'acteur de Twilight, dont a tant glosé sur le prétendu changement de style, est la victime d'une direction d'acteurs anémiée où cohabitent tant bien que mal Juliette Binoche, Samantha Morton et Sarah Gadon dans des apparitions aussi vaines que grotesques. Seule l'arrivée de Mathieu Amalric en entarteur excentrique nous sort un peu de notre torpeur. Mais on reste bouche bée devant l'incapacité (ou l'envie ?) du cinéaste à réaliser une séquence un tant soit peu intéressante, se contentant de filmer la limousine de son personnage sous toutes les coutures en l'isolant du reste du monde. Le film est très loin d'être la métaphore de la crise du capitalisme qu'il prétend être et ne propose aucune direction satisfaisante, accablant le spectateur par ses dialogues verbeux et abscons qui finissent par être insupportables. Cosmopolis demeurera donc un fantasme de film, mais le film, lui, est assommant, prétentieux et finalement ridicule. Au cas où Cronenberg se sentirait coupable d'avoir élargi son audience grâce à son passage réussi vers le thriller avec A History of Violence et Les promesses de l'ombre dans lesquels il avait pu exercer pleinement ses talents de cinéaste, il est certain que le public, cette fois, ne remplira pas les salles, au risque de sombrer dans un ennui... mortel. 

Antoine Jullien

5 commentaires:

  1. Je n'aimais pas particulièrement l'acteur qui me semblait toujours mono-expression, il trainait toujours la même tête.
    J'avais espoir de voir autre chose, voire la naissance d'un grand acteur. Mais si le film est aussi fade, je préfère voir deux fois Dark Shadows...
    Je me pose juste une question : est-ce une impression ou bien nos réalisateurs admirés commencent-ils à se perdre en chemin ?
    --
    Steady as she goes!

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  2. Navré que vous n'ayez pas réussi à comprendre le film!

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  3. J'attends alors avec impatience que vous éclairiez ma lanterne !

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  4. Encore un pseudo-critique qui connait Cronenberg que depuis "history of violence" ... Reprocher à son univers d'être "froid et désincarné" c'est le comble !

    Je dis ça et pourtant le film est loin de m'avoir convaincu. Je suis juste consterné de constater de allociné à ici le nombre de personnes complètement sans imagination, incapable de voir, d'entendre, de ressentir une histoire, une ambiance au delà de la narration traditionnelle.

    Et ce qui m'agace le plus avec les critiques, que ce soit des professionnels, des incultes ou même mes amis avec qui je vais au cinéma, c'est cette absence de nuance ... "pire ratage 2012" hum ...

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  5. Tout à fait d'accord avec cette analyse critique très bien écrite et on peut rajouter qu'il est vraiment dommage que les acteurs aient fait une telle confiance au réalisateur, car eux aussi sont perdants dans l'histoire.

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