mardi 13 mars 2012

Oslo 31 août


Après Louis Malle, le réalisateur norvégien Joachim Trier s'est à nouveau inspiré du roman de Drieu La Rochelle Le feu follet pour raconter le mal être d'un jeune homme, Anders, tout droit sorti d'une cure de désintoxication. Comme son titre l'indique, le film se passe dans les derniers beaux jours de l'été, dans un Oslo étrangement calme et bienveillant. Une sérénité en contradiction avec l'état intérieur du personnage aux penchants suicidaires.

Le cinéaste suit Anders retrouver d'anciens camarades perdus de vue après six années de cure. Joachim Trier filme avec beaucoup d'acuité ce retour difficile dans une société dont Anders se sent exclu. Les retrouvailles avec son meilleur ami, installé avec femme et enfant, se prolongent à plusieurs reprises, le cinéaste fragmentant la séquence afin de mieux faire tomber les masques. Il scrute ainsi notre rapport au monde et à une certaine normalité dont Anders ne peut et ne veut faire partie. Trier appuie pertinemment sur nos choix de vie et du bonheur prétendu qui en découle.

Anders Danielsen Lie

Même si la mort semble l'attendre au bout du chemin, Anders ne s'apitoie pas sur lui-même et sa profonde solitude l'amène à analyser justement sa situation. Une des meilleures scènes du film, qui le voit passer un entretien d'embauche, montre avec beaucoup de force que le passé nous rattrape sans cesse. Mais le cinéaste a eu le talent de ne pas faire de son personnage une victime, et l'on voit se dessiner, au fur et à mesure de ses rencontres, un jeune homme avec des failles qui a pu faire souffrir autour de lui.

Grâce au très beau travail de la caméra et du son, Joachim Trier rend palpable le monde intérieur d'Anders qui se fissure de partout. On aurait cependant aimé que le cinéaste soit moins froid dans son traitement et ne s'attarde pas autant sur certaines séquences qui auraient méritées d'être raccourcies. Oslo 31 août n'en demeure pas moins une oeuvre sensible qui nous pose des questions essentielles sur l'existence. On peut toutefois lui préférer une réponse moins désespérée.

Antoine Jullien

1 commentaire:

  1. Rebonjour, on se dit à la fin du film que en faisant un petit effort, Anders aurait pu arrîver à une solution moins extrême. Beau film que je conseille. Bonne fin d'après-midi.

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