mercredi 9 février 2011

Carancho


Avis aux phobiques de l'automobile : ce film n'est pas fait pour vous ! Le Carancho est un avocat spécialisé dans les accidents de la route qui sont légion à Bueno Aires. Mais cette noble activité est surtout le moyen de profiter des victimes et de s'enrichir à leurs dépends. Sosa est de ceux-là. Un soir, à la recherche de potentiels clients, il rencontre Lujan, une jeune urgentiste qui cumule les heures de travail et se drogue régulièrement pour tenir. Une histoire d'amour naissante qui va se confronter à la corruption de la mafia et de la police locale. 

Pablo Trapero, en compétition à Cannes il y a deux ans avec Leonara, fait à nouveau tourner Martina Gusman, également productrice exécutive. Elle forme une belle alchimie avec l'Acteur du cinéma argentin, Ricardo Darin, à peine sorti du beau Dans ses yeux. Les deux personnages vont devoir lutter contre un système qui gangrène toute la société argentine. C'est l'aspect social qui est le plus intéressant, Trapero infiltrant sa caméra dans les recoins sordides des hôpitaux de Bueno Aires en faisant le constat d'une société déliquescente gangrénée par la violence. Les couleurs et le style nerveux de la réalisation ancrent le film dans cette réalité inconfortable dans laquelle les personnages vont suer sang et larmes. 

Mais le cinéaste se perd trop souvent dans les méandres d'une intrigue embrouillée qui peine à convaincre. Certaines séquences manquent suffisamment de clarté pour que l'on suive l'histoire avec toute l'attention nécessaire. L'arrière-plan l'emporte donc largement et l'on finit chaos devant les dernières images d'un réalisme bluffant qui n'offrent aucun échappatoire.

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Ad Vitam.

2 commentaires:

  1. Ma connaissance du cinéma argentin est comparable à un trou noir, en un sens : elle ne laisse filer aucune lumière ! quant à absorber de la matière, cela reste à prouver, alors essayons !
    Je me suis toujours dit qu'avant de regarder un film à caractère social (ou qui s'en rapproche), il vaut mieux connaître l'environnement qu'il prend pour décor, afin de ne pas succomber aux chant des sirènes de la facilité incarnées par les clichés.
    Pour moi, l'Argentine est un pays calme et dynamique, avec quelques soucis économiques, du soleil et des gens sympathiques. On y trouve des ranchs, des vaches et des descendants de nazis (!).
    Je pense que je regarderai ce film deux fois : la première juste pour le film, et la seconde, disons... en connaissance de cause.

    C'est fou ! Un critique de cinéma nous pousse à nous documenter sur la société de Buenos Aires !
    Chaleureusement merci !
    --
    Steady as she goes!

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  2. Mon cher, je ne me lasse de ces commentaires éclairés !

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