mercredi 19 janvier 2011

Somewhere

Un homme, au volant de sa grosse cylindrée, fait des tours de piste au milieu du désert. La séquence s'étire jusqu'à l'arrêt du véhicule. Un moment pathétique dans la vie d'un homme. Bienvenue dans le monde de l'acteur Johnny Marco. 

Sofia Coppola s'est toujours intéressée aux personnages en décalage horaire permanent comme elle avait su le magnifier dans Lost in Translation. Mais les jeunes femmes mal dans leurs peaux de Virgin Suicides et Marie-Antoinette ont laissé place à un homme de quarante ans, qui, d'un physique encore juvénile à des tenues que n'auraient pas reniées Kurt Cobain, ressemble plus à un ado attardé qu'à une star confirmée. Pourtant, l'homme passe son temps désespérément libre au Château Marmont, hôtel bien connu du ghotta hollywoodien. Sofia Coppola a elle-même vécu cette vie dissolue à l'époque où son père le fréquentait.

Ce quatrième long métrage est sans doute le moins aimable de la cinéaste. C'est un vide sidérant qu'elle filme avec une acuité qui n'appartient qu'à elle. Une fois encore, elle sait poser sa caméra au bon endroit, filmant le revenant Stephen Dorff dans son propre rôle. De fêtes sans joie aux étreintes endormies, Johnny Marco erre comme un fantôme. Sans personnalité, d'une banalité crasse, il semble inconcient de sa propre médiocrité ordinaire. Un numéro de striptease aussi mécanique que stérile et un plan magistral sur son visage enrubanné de maquillage dégoulinant disent à eux-seuls le non sens de sa vie. 

Stephen Dorff et Elle Fanning 

Puis survient l'éclaircie au milieu de la brume. Sa fille de douze ans, joliment interprétée par Elle Faning, va raviver son rôle de père. Sofia Coppola capte ces instants du papa en compagnie de sa fille sans aucune psychologie superflue. Pas de réglèments de compte ni de séquence tire-larmes entre ses deux êtres qui se comprennent mieux qu'on ne le pense. De cette relation complice, on retiendra surtout une désopilante séquence italienne dans laquelle ils tentent de résister au ridicule et à la vulgarité environnants.

Une fois l'étape parentale refermée, Johnny Marco se voit à nouveau confronté au vide. Il se décide finalement à prendre le large et arrêter sa route « somewhere ». Sofia Coppola tombe alors dans la facilité en terminant son film de la plus caricaturale des manières. La réalisatrice n'arrivera pas à aller au-delà de la simple chronique. Cette modestie, alourdie par quelques répétitions auteurisantes agaçantes, est aussi la limite du film. La sourde tristesse va si bien à Sofia Coppola qu'un peu de lumière au bout du chemin n'aurait pas été un mal.  

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