mardi 14 juillet 2015

Microbe et Gasoil


Michel Gondry avait besoin de se ressourcer. Après l'accueil très mitigé (et assez injuste) réservé à son adaptation imparfaite de L'Ecume des Jours, le réalisateur a préféré revenir à un cinéma plus léger et peut-être aussi plus personnel. Microbe et Gasoil, ces deux jeunes ados qui ne se retrouvent nulle part si ce n'est dans l'imaginaire et l'évasion, sont l'incarnation évidente d'un cinéaste qui s'est souvent senti à la marge. Issu comme ses deux héros de la très stricte société versaillaise, Michel Gondry a toujours été attiré par les personnes un peu rejetées, à l'écart. De ses souvenirs est né ce huitième long métrage qui recèle un vrai charme mais qui ne nous convainc pas pleinement.

Alors que les vacances approchent, Daniel et Théo, surnommés Microbe et Gasoil, n'ont aucune envie de passer leurs vacances avec leurs familles. Ils décident alors de fabriquer leur propre voiture, à l'aide d'un moteur de tondeuse et de planches de bois, et de partir à l'aventure sur les routes de France.

Dire que le film de Michel Gondry est sympathique pourrait paraître condescendant mais il s'agit pourtant bel et bien de sa qualité première. On ne peut éprouver que de l'empathie pour ces deux gaillards qui se moquent des conventions étriquées, bricolant eux-mêmes une improbable voiture qui va les emmener sur des chemins bigarrés. Un entraînant périple en miniature qui contient de jolis moments, filmé par un réalisateur totalement épris de ses personnages. A travers cette histoire, Michel Gondry réalise une ode tendre à l'amitié, mettant en majesté la camaraderie dans tous ses états. Au bout de la route, une quête de l'absolu forcément entravée mais pleine de souvenirs gravés à jamais. 

Théophile Bacquet et Ange Dargent

Les deux jeunes comédiens que le cinéaste a choisi servent superbement ce dessein. Ils s’appellent Ange Dargent (Microbe) et Théophile Bacquet (Gasoil). L'un est complexé qu'on le prenne sans cesse pour une fille, l'autre veut tracer sa voie, en dépit des modes et d'une histoire familiale compliquée. Son langage un peu décalé nous ravit tout comme la maladresse amusante de Microbe qui enterre de manière inattendue son téléphone portable. On est ainsi heureux de voir une jeunesse très éloignée du formatage ambiant, à l'heure ou le triomphe des Profs nous désespère. On le doit à la personnalité de Michel Gondry qui envahit tous les ports de l'image mais avec une discrétion qu'on ne lui connaissait pas. A l'exception de la voiture bricolée, très peu de trouvailles visuelles, de trucs et astuces qui ont fait la marque de fabrique du cinéaste mais qui commençaient à envahir son univers fantaisiste.

De là vient paradoxalement la limite du film. Car si Gondry est un réalisateur inventif et surprenant, le scénariste, lui, est plus sage. Et la fin, bâclée, renforce cette impression d'un film un peu inachevé, d'une parenthèse rafraîchissante mais mineure. Un road-movie qui ne bouscule pas assez nos habitudes, une épopée intimiste qui aurait mérité plus d'ampleur (visuelle, notamment). Un très sympathique petit film, en somme. 

Antoine Jullien

France - 1h43
Réalisation et Scénario : Michel Gondry 
Avec : Ange Dargent (Daniel surnommé Microbe), Théophile Bacquet (Théo surnommé Gasoil), Audrey Tautou (La mère de Daniel).  

Disponible en DVD et Blu-Ray chez Studio Canal

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