vendredi 17 juillet 2015

Expo Antonioni : Derniers Jours


Vous avez jusqu'à dimanche pour découvrir l'exposition Michelangelo Antonioni à la Cinémathèque française. Le réalisateur de Blow Up, Palme d'Or en 1967, a souvent été considéré comme le cinéaste du vide existentiel et de l'incommunicabilité. Une dénomination forcément réductrice pour un artiste qui a bouleversé la forme cinématographique et entraîné de vives polémiques autour de ses œuvres. 

En parcourant les allées de l'exposition, il suffit de lire les articles de presse parus au moment de la sortie de l'Avventura en 1960 pour s'en convaincre. "Un mauvais mélo" selon Raymond Gimel de France Soir, "Un des films les plus beaux de l'histoire du cinéma" pour Michel Aubriant de Paris Presse. Antonioni fascine, déconcerte, subjugue, irrite, et ses films suivants (La Nuit, L'Eclipse, Le Désert Rouge), portés par son actrice fétiche, Monica Vitti, continueront de diviser la critique et le public, ce qui ne l'empêchera pas d'être récompensé dans les plus grands festivals internationaux (Cannes, Venise, Berlin). 


Se sentant de plus en plus éloigné de son pays natal, l'Italie, Antonioni part d'abord en Angleterre où il devient le propagateur de la vague pop grâce à Blow Up, puis aux Etats-Unis où il tourne Zabriskie Point, un trip hippie visuellement explosif autant qu'une violente critique de la société consumériste. Après un long documentaire sur le Chine, le cinéaste fera même tourner la star Jack Nicholson dans Profession : Reporter. On peut d'ailleurs visionner un reportage dans lequel le cinéaste explique brillamment la mise en place très élaborée du dernier plan du film. Antonioni n'était donc pas qu'un réalisateur cérébral mais aussi un très grand connaisseur de la technique.

Zabriskie Point (1970)

On découvre enfin des lettres de réalisateurs admiratifs dont celle d'Andreï Tarkovski qui souligne à quel point il est compliqué de faire un film, et aussi celle d'Alain Delon refusant un projet du cinéaste car il devait tenir le rôle de Lawrence D'Arabie dans le film de David Lean (l'histoire en décidera autrement).

Atteint d'une AVC en 1985, Antonioni, devenu partiellement paralysé et presque totalement privé de la parole, co-réalisera Par-delà les nuages avec Wim Wenders et participera au film collectif Eros. Mort en 2007, il continue d'influencer le cinéma contemporain, pour le meilleur et pour le pire. 

Antoine Jullien

Antonioni - Aux origines du pop jusqu'au 19 juillet à la Cinémathèque française. 
Renseignements : http://www.cinematheque.fr/

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