"Inglorious Basterds, le nouveau film de Quentin Tarantino". Dès l'annonce de cette nouvelle, les fans du monde entier salivaient d'avance à l'idée de voir le réalisateur de Kill Bill s'attaquer à la seconde guerre mondiale. Après une post-production d'une durée record (le film était encore en tournage en janvier), il fut présenté en compétition au Festival de Cannes auquel Tarantino doit beaucoup (Palme d'or pour Pulp Fiction). L'accueil s'est avéré mitigé, ce qui n'était pas vraiment une surprise compte tenu de l'attente générée par chacun de ses films. Et comme toute attente démesurée, elle est souvent déceptive.
Une fois n'est pas coutume, plusieurs intrigues s'entremêlent : la vengeance d'une juive, Shosanna (Mélanie Laurent) dont la famille a été massacrée par un lieutenant nazi (Christoph Waltz). Un commando (les Basterds du titre), des juifs américains missionnés pour scalper du nazi. Et une espionne allemande travaillant pour le compte des alliés (Diane Kruger) chargée de perpétrer un attentat contre Hitler. Et tout ce petit monde se retrouvera dans la salle de cinéma tenue par Shosanna lors d'une projection officielle organisée pour le Führer.
Eli Roth et Brad Pitt
Le préambule du film est clair : "ll était une fois la France occupée par les Nazis". Tarantino réinvente donc l'Histoire en la truffant de références cinématographiques, allant du western spaghetti aux Douze salopards en passant par les films de Clouzot et Marlène Dietrich. Ce cinéphile boulimique a voulu nous dire, comme Truffaut en son temps, que le cinéma est plus important que la vie et qu'il peut tout se permettre. Encore faudrait-il que cette déclaration d'amour (qui plaît temps aux critiques !) ait un peu de densité et d'originalité !
Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'étonnante paresse esthétique du cinéaste. La photographie du grand Robert Richardson (chef op de Scorsese) parait terriblement académique, le montage est aléatoire, le découpage hasardeux (cf. la scène dans le café entre Mélanie Laurent et Daniel Bruhl). La mise en scène manque de l'énergie et de la créativité auxquelles le réalisateur nous avait habituées. L'ensemble est statique, parfois interminable. Manifestement en manque d'inspiration, Tarantino se plagie lui-même (cf. le découpage en chapitres) à force d'auto-citations ou d'emprunts musicaux vus dans ses précédents films.
Même la direction d'acteurs, une de ses marques de fabrique, n'est pas à la hauteur. Si Diane Kruger surprend en espionne, Mélanie Laurent manque terriblement de charisme. On a l'impression durant toute la projection qu'elle ne joue pas dans un film de Tarantino, qu'elle est totalement décalée par rapport à l'univers du réalisateur. On a rarement été aussi peu transporté par une histoire de veangeance, écrite pourtant par l'un des spécialistes du genre, Uma Thurman dans Kill Bill étant l'un des plus beaux et plus forts personnages féminins qu'il nous ai été donné de voir au cinéma.
Christoph Walz, prix d'interprétation au Festival de Cannes
Heureusement, par moments, l'audace et la liberté tarantinesques refont surface, notamment lorsqu' il utitlise Brad Pitt presque comme un figurant, lors d'une scène très réussie où l'on massacre l'italien avec un malain plaisir. En fait, la vraie consolation vient de la composition délectable de Christoph Walz, primé à Cannes, jouissif en nazi polyglote. C'est dans ce personnage tour à tour terrifant et amusant qu'on retrouve la patte de cinéaste : la manière dont ce personnage joue avec les langues, en passant de l'allemand à l'anglais instantanément, montre bien à quel point le langage peut être une arme redoutable pour arriver ses fins. Voilà bien la seule singularité d'un film poussif, souvent ennuyeux, inutilement bavard et rarement drôle.
Antoine Jullien
Antoine Jullien
Bon, Julien, je te l'ai dit, j'ai une vision grand public moi !! Beaucoup de choses concernant la mise en scène ou le découpage m'on échappées... Mais je t'accorde sur la direction d'acteurs qu'elle est un peu légère, notamment chez Mélanie Laurent : elle est plutôt stoïque pour une fille dont on a décimé la famille !!! Je n'ai pas aimé Diane Kruger pour ma part... personnage pas assez creusé. restent Christoph Walz et Brad Pitt (ah Brad).
RépondreSupprimerEnfin, je ne me suis pas ennuyée, j'ai passé un bon moment, pas jouissif certes mais pas désagréable non plus (sauf la scène de scalp et de la batte héhé). En bref, je ne regrette pas d'avoir payé mon billet (avec mon pass Gaumont ;-)
Merci pour ta critique. Au passage, c'est Antoine mon prénom et non Julien !
RépondreSupprimerPour moi, la réussite du film c'est d'avoir tourné une farce sur le mode de la tragédie d'où quelques moments drôles. Mais c'est long, certaines scènes n'en finissent pas et on est pas vraiment pris par le film, on soupire d'ennui de temps en temps. Quant aux acteurs, je suis tout-à-fait d'accord avec toi.
RépondreSupprimerJe te trouve bien dur mais je suis très heureuse de pouvoir lire tes crtiques qui m'ont tout l'air éclairées d'un savoir dont je suis friande!! Merci!!
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