mardi 3 février 2015

Oscars et Césars 2015



MISE A JOUR LE 23 FEVRIER

LES LAUREATS

Les mexicains sont devenus les rois d'Hollywood. Après le sacre d'Alfonso Cuaron l'an passé pour Gravity, c'est au tour de son compatriote Alejandro Gonzalez Iñárritu d'être célébré. Son cinquième long métrage, Birdman (en salles mercredi) remporte 4 Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleure photographie pour Emmanuel Lubezki qui décroche également sa deuxième statuette après Gravity. Un triomphe plutôt mérité, surtout pour la mise en scène virtuose du réalisateur, et certes assez prévisible dans la mesure où Birdman avait déjà remporté de nombreux prix mais on espérait que Boyhood puisse lui faire de l'ombre. Las, à l'exception de l'Oscar du second rôle remis à Patricia Arquette (qui a fait un vibrant discours pour l'égalité homme-femme), le film de Richard Linklater repart bredouille. Une relative injustice quand on s'arrête sur la singularité hors-normes du projet qui méritait d'être davantage saluée. 

Le réalisateur Alejandro Gonzalez Inarritu, grand vainqueur avec Birdman 

Parmi les acteurs, la grande Julianne Moore se voit enfin récompensée pour sa prestation dans Still Alice (sortie le 11 mars) dans lequel elle joue une malade d'Alzheimer. Une thématique qui a également profité au jeune Eddie Reydmane qui remporte l'Oscar du meilleur acteur pour Une merveilleuse histoire du temps où il interprète le physicien Stephen Hawking, atteint lui de la maladie de Charcot. Un choix très académique pour un film sans grand relief et qui prouve une fois encore l'extrême frilosité des votants. 

On est en revanche ravis que l'immense J.K. Simmons reçoive l'Oscar du Second Rôle dans Whiplash, impressionnant en professeur de musique tyrannique. Nous avions eu la chance de l'interviewer lors du festival de Cannes (voir l'interview de l'acteur) où l'accueil dithyrambique réservé au film laissait présager d'une belle carrière. Le long métrage de Damien Chazelle créé d'ailleurs la surprise puisqu'il remporte également les trophées du meilleur montage et du meilleur son. A noter également que The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson récolte quatre prix techniques dont celui de la meilleure musique pour notre frenchie Alexandre Desplat. Enfin, l'Oscar du meilleur film étranger décerné à Ida vient couronner une œuvre admirable qui était passée mystérieusement hors des écrans radars des grands festivals. 

Timbuktu d'Abderhamane Sissako remporte 7 Césars

Ceux qui ont eu le courage de regarder jusqu'au bout les presque 4h de cérémonie des Césars devraient être les premiers récompensés. En effet, la soirée n'a jamais paru aussi médiocre et interminable, enchaînant les sketches ratés et les discours sans fin. Au milieu de cette léthargie, Timbuktu d'Abderhamane Sissako triomphe, s'adjugeant 7 Césars dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur. Un succès mérité pour une œuvre de grande tenue qui n'aura laissé que des miettes à ses concurrents. 

Les Combattants de Thomas Cailley est tout de même l'autre grand lauréat avec 3 Césars et pas des moindres : meilleur premier film, meilleure actrice pour Adèle Haenel (qui fait coup double après Suzanne l'année dernière) et meilleur espoir masculin pour Kevin Azaïs. Le film avait très tôt séduit les critiques lors du Festival de Cannes puis le public, réunissant 400 000 spectateurs. 

Pierre Niney, César du meilleur acteur pour Yves Saint Laurent

La jeunesse a été la note dominante de cette soirée, Pierre Niney sacré meilleur acteur pour Yves Saint Laurent, Kristen Stewart second rôle dans Sils Maria et le formidable Reda Kateb second rôle également pour Hippocrate. On notera que les meilleurs costumes ont été attribués au Saint Laurent de Bertrand Bonello (qui lui repart bredouille), alors que l'équipe du film ne disposait pas des véritables tenues du grand couturier, dévolues à la version officielle signée Jalil Lespert. Le très bon Minuscule repart quant à lui avec le César du film d'animation et le très beau Sel de la Terre de Wim Wenders celui du documentaire. Quant à Xavier Dolan, le réalisateur de Mommy se voit décerner le César du meilleur film étranger. Ayant pesté publiquement contre sa non nomination aux Oscars, le jeune prodige, étrangement absent de la cérémonie, peut voir ce prix comme un (modeste) lot de consolation. 

Antoine Jullien 


LES NOMINATIONS

Février et sa traditionnelle période de remises des prix. Les 87ème Oscars auront lieu le dimanche 22 février et deux favoris semblent se dégager. Avec 9 nominations, Birdman d'Alejandro Gonzalez Iñárritu (en salles le 25 février), qui a fait forte impression outre-atlantique, est bien parti pour consacrer le réalisateur mexicain. S'il ne signe pas son meilleur film, le cinéaste réalise une véritable prouesse de mise en scène en filmant ses protagonistes dans un faux plan séquence de deux heures. La distribution étincelante du long métrage pourrait également être récompensée, à commencer par Michael Keaton dans le rôle d'un acteur has-been, ancienne vedette de films de super-héros (ça ne vous rappelle rien !) qui remonte sur les planches. Un come-back assez jubilatoire comme les affectionnent les membres de l'académie. 

Birdman, le favori des Oscars avec 9 nominations

Boyhood de Richard Linklater (6 nominations) est l'autre grand prétendant à la statuette dorée même si sa côte s'est un peu effritée malgré sa victoire aux Golden Globes. Le projet fou du cinéaste, portrait tendre et touchant de l'Amérique filmé sur douze années, pourrait tout de même lui valoir la consécration, ce qui ne serait que justice. Parmi les autres concurrents, citons The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson (9 nominations), Imitation Game de Morten Tyldum (8 nominations), American Sniper de Clint Eastwood (6 nominations), le sublime Foxcatcher de Bennett Miller (5 nominations) pour lequel on espère secrètement un Oscar pour Steve Carell et le sensationnel Whiplash de Damien Chazelle qui créé le surprise avec 5 nominations et qui devrait valoir un Oscar du meilleur second rôle au formidable J.K. Simmons (voir l'interview de l'acteur). 

Côté comédiens, si Julianne Moore semble la favorite pour remporter son premier Oscar avec le drame Still Alice, la compétition pour le meilleur acteur est plus ouverte. Outre Michael Keaton, Eddie Redmayne pour son incarnation de Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps est aussi très bien parti après avoir déjà remporté plusieurs trophées. Si tel était le cas, ce serait un bien mauvais signal donné par l'Académie, récompensant une fois encore une performance attendue dans un film gentillet, dépourvu de style et d'audace. 

Gone Girl boudé par l'Académie avec 1 seule nomination pour Rosamund Pike

Une présence très discutable d'autant plus que certains films, bien meilleurs, sont absents. La grande injustice vient de Gone Girl de David Fincher qui n'est distingué que grâce à l'interprétation de Rosamund Pike. Ni Fincher pour sa réalisation, ni Gillian Flynn pour l'adaptation de son roman ne sont nommés. Autre scandale, l'absence de Jake Gyllenhal pour Night Call de Dan Gilroy. L'interprétation hallucinée du comédien n'a pas retenu l'attention des votants, lui préférant Bradley Cooper pour son rôle (polémique ?) de sniper dans le film de Clint Eastwood. Un choix en réalité guère étonnnant car Gone Girl et Night Call traitent de la face sombre du mariage et des médias, des films sans doute trop dérangeants pour une académie très policée. 

Saint Laurent en tête des Césars avec 10 nominations

Les Césars, qui auront lieu deux jours avant, le 20 février, ne voient pas de réels favoris se détacher. Saint Laurent de Bertrand Bonello est en tête des nominations avec 10 distinctions devant la surprise Les Combattants (9 citations), Timbuktu (8 nominations), Hippocrate (7 nominations), La famille Bélier et Sils Maria (6 nominations chacun). 

Le film d'Abderhamane Sissako, qui représentera la Mauritanie à l'Oscar du meilleur film étranger, semble être, de part son sujet et la force de son propos, le mieux à même de remporter le César du meilleur film. La mise en scène stylée de Bonello pour son biopic sur le célèbre couturier pourrait lui valoir le César du meilleur réalisateur. On ne serait pas fâché que l'excellent Hippocrate de Thomas Lilti ne décroche quelques prix et on se réjouit de la présence inattendue du troublant et marquant Eastern Boys de Robin Campillo, nommé dans les catégories reine (meilleur film et meilleur réalisateur). 

Adèle Haenel pourrait remporter son second César consécutif grâce aux Combattants

Après s'être affrontés par écrans interposés, les deux Yves Saint Laurent, Pierre Niney et Gaspard Ulliel, sont les favoris pour remporter le César du meilleur acteur. Et si l'on peut regretter l'absence de renouvellement du côté des actrices nommées (Deneuve, Binoche, Cotillard, Kiberlain, Viard), on ne serait pas étonné qu'Adèle Haenel remporte son deuxième trophée consécutif pour son interprétation haut en couleurs dans Les Combattants

Enfin, l'absence du plus gros succès français de l'année, Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ? ne manquera pas encore de relancer le débat sur les comédies aux Césars, d'autant plus que c'est Dany Boon qui préside cette année la cérémonie. En revanche, on peut regretter que Samba de Tolédano et Nakache qui arrive à réconcilier la critique et le public, soit ainsi boudé (1 seule distinction) et que l'oeuvre ultime d'Alain Resnais, Aimer, boire et chanter n'ait aucune nomination alors qu'un hommage au cinéaste disparu sera rendu lors de cette quarantième cérémonie. 

40ème Cérémonie des Césars le vendredi 20 février 
87ème Cérémonie des Oscars le dimanche 22 février

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