mercredi 23 novembre 2011

Le Stratège


Un film sur le baseball ? Ce sport typiquement américain, que mêmes nos amis anglo-saxons ne comprennent pas toujours, n'avait a priori aucune chance d'attirer le public français. D'ailleurs, le studio distributeur du film, Sony Pictures, n'a pas jugé bon d'en faire la promotion. Malgré sa sortie discrète, Le Stratège est une excellente surprise mais son générique prestigieux aurait déjà dû nous alerter : Bennet Miller, le remarqué cinéaste de Truman Capote aux commandes, Steven Zaillan et Aaron Sorkin, les auteurs des scripts de La liste de Schindler et The Social Network, au scénario, et Brad Pitt dans le rôle principal. Cette somme de talents vient de réaliser l'un des meilleurs films du genre. 

Le long métrage est inspiré d'une histoire vraie, celle de l'atypique manager de l'équipe de Oakland, Billy Beane, qui, confronté à une pénurie de joueurs attirés par les grands clubs et les gros salaires, va s'appuyer sur les théories statistiques de Peter Brand, un économiste issu de Yale. Cette association contre-nature révolutionnera les us et coutumes du baseball, donnant à des joueurs sous-évalués la possibilité d'une deuxième chance. Une démarche payante puisque les Oakland Athletics battront le record de victoires en championnat. 

Brad Pitt et Jonah Hill 

Raconter le sport en ne filmant que les coulisses, voilà un pari audacieux. A l'image de Billy Beane, reclus au vestiaire, qui ne veut (ou ne peut) assister aux matchs de son équipe, Le stratège avance à contre-courant. Bennet Miller s'est attaché à nous montrer les rouages d'un milieu où l'argent règne en maître, réglant de manière ahurissante les transferts, où les luttes d'influences et la pression des résultats accentuent le conflit entre les générations, les anciens contre les modernes. En bouleversant les habitudes, Billy Beane assume cet affrontement inéluctable car il est persuadé que seul sa nouvelle méthode permettra à son équipe de sortir la tête de l'eau. 

Son pouvoir de conviction gagne très rapidement le spectateur qui se trouve captivé devant ces échanges parfois musclés où l'ironie est toujours présente grâce à la plume aiguisée d'Aaron Sorkin qui offre aux personnages des répliques savoureuses, une partition idéale pour un casting haut de gamme dont se détache l'étonnant Jonah Hill et le taiseux Philip Seymour Hoffman. Mais le film n'atteindrait pas cette dimension sans le fascinant charisme de Brad Pitt. Le comédien confirme, film après film, sa place de plus en plus singulière dans le cinéma mondial. Incarnant Billy Beane avec une apparente décontraction, le comédien ne cherche jamais à glorifier son personnage, le rendant très (trop ?) humain par ses comportements et ses attitudes discutables. Son engagement et sa passion ne révèleront pas le mystère de ce personnage qui recherche autre chose qu'une victoire, un but impalpable que l'épilogue, en forme de pied de nez, ne laissera pas d'intriguer. 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Sony Pictures Entertainment.

2 commentaires:

  1. tres bon film en effet ! Film plutot de mec ( a croire la salle dans laquelle je suis alle), C est vrai qu entre les stats et le base ball un ecremage naturel se fait deja. Cela dit on passe un excellent moment, tres bons acteurs, l histoire tient en haleine ( meme si previsible). J ai retrouve l idee d invictus dans la construction de l intrigue sportive

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  2. J'ai beaucoup aimé aussi, avec les mêmes arguments que dans ce billet. Il faut aussi souligner que contrairement au schéma classique du "film de sport", le héros n'est pas totalement irréprochable dans ses valeurs. Cela donne à ce film encore un peu plus de profondeur.

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