Vingt ans après, les personnages les plus débiles de l’histoire du cinéma sont de retour avec toute la fine équipe : le duo Jim Carrey/ Jeff Daniels devant une caméra pilotée par les frères Farrelly, papes de l’humour régressif des années 90, notamment coupables des disjonctés Mary à tout prix, Fous d’Irène ou encore L’Amour Extra-large. Mais voilà, depuis 10 ans, les frangins peinent à retrouver le succès hors des bases de l’Oncle Sam, comme si le 11 septembre avait rendu le monde insensible à l’absurdité de leur cinéma. Rien de tel alors que de sortir de leur retraite les dégénérés Lloyd (Carrey) et Harry (Daniels), héros attardés de leur premier carton au box-office pour reconquérir le monde.
A première vue, ce Dumb and Dumber De (La Cloche et l’Idiot 2 pour nos amis québécois) sent le réchauffé. Car avec deux protagonistes aussi raz-les-pâquerettes, il semble particulièrement difficile de renouveler un concept qui frôle le Q.I. négatif. Bobby et Peter Farrelly acceptent cependant le défi en lançant les deux compères sur les traces de la fille d’Harry, ce dernier ayant besoin d’une transplantation rénale. Et c’est reparti pour un road movie aussi idiot que drôle.
Jim Carrey et Jeff Daniels
Car même si les deux acteurs principaux ont maintenant passé la
cinquantaine, ils arrivent (mais pas toujours) à faire passer la pilule
de ces enfants de 6 ans emprisonnés dans des corps d’adultes. Il est
même assez impressionnant de voir se refléter dans leur regard… le
néant, comme si les deux acteurs jouaient la comédie en se passant de
leur matière grise. C’est parfois lourd, surjoué voire un peu pathétique
mais s’est sans compter sur l’absence de limites des deux réalisateur
américains.
Comme à leur habitude, les Frères Farrelly roulent à tombeau ouvert dans un grand nombre de tabous, n’hésitant pas à peupler leur dernier film de handicapés (le voisin sourd et ses oiseaux rares, la vieille sénile en manque de sexe, un tétraplégique pas rigolo…) au point d’effacer totalement la notion de normalité. Et dans ce freak show le duo simplet est roi, retournant sans cesse le ridicule vers une société à la recherche de contrôle. Ce film est une oasis de débilité et de laisser-aller dans un univers cinématographique sombre où la maitrise fait loi. A l’heure du terrorisme total, les frères Farrelly prouvent avec cette série B que l’humour pipi-caca-prout peut aussi devenir libérateur. Comme quoi, la connerie, ça a du bon…
Alexandre Robinne
Et pour tous ceux qui veulent aller un peu plus loin dans la compréhension de ce cinéma régressif, jetez un œil (ou même les deux) sur le dernier numéro de BiTS, la toujours pertinente émission de Rafik Djoumi : http://bits.arte.tv/fr/episode/dumb-and-dumber-be-stupid
Etats-Unis - 1h49
Réalisation : Bobby et Peter Farrelly - Scénario : Sean Anders, Mike Cerrone, Bobby Farrelly, Peter Farrelly, John Morris, Bennett Yellin
Avec : Jim Carrey (Lloyd Christmas), Jeff Daniels (Harry Dunne), Rob Riggie (Travis), Laurie Holden (Adele).
Disponible en DVD et Blu-Ray chez Metropolitan.
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