Comme chaque année, l'heure des bilans est arrivée. Avant de revenir sur les moments forts de 2013, intéressons nous au box office de l'année écoulée qui a vu la fréquentation chuter de plus de 5% par rapport à 2012 avec moins de 200 millions de spectateurs.
La domination du cinéma américain
Une première constatation s'impose : la suprématie du cinéma américain n'a jamais été aussi écrasante. Sur les 20 plus gros succès, 17 sont aux couleurs de l'Oncle Sam. Un résultat qui s'explique par la popularité grandissante des films de superhéros : Iron Man 3, Man of Steel, Thor : le monde des ténèbres, Wolverine : le combat de l'immortel, et les films d'animation qui font toujours autant recette : Moi, Moche et Méchant 2, La Reine des Neiges, Les Croods, Turbo...
A cela s'ajoute des franchises très lucratives (Le Hobbit, Hunger Games, Fast and Furious), des expériences hors normes (Gravity), une invasion de zombies planétaire (World War Z) et un Tarantino au sommet de son art (Django Unchained) et vous aurez quelques clefs pour comprendre cette domination.
Seul bémol, aucun film n'a dépassé les 5 millions d'entrées, ce qui n'était pas arrivé depuis 1992 !
Moi, Moche et Mechant 2, champion du box-office 2013 avec 4,6 millions d'entrées
Un cinéma français à la peine
A côté, le cinéma français fait pâle figure avec seulement un gros carton en salles, Les Profs, et quelques beaux succès : Les Garçons et Guillaume, à table !, 9 mois ferme, 20 ans d'écart, La Cage dorée, Alceste à bicyclette. Un bien maigre butin qui est à mettre sur le compte de plusieurs facteurs : des films peu attractifs et inspirés qui ont accouchés de comédies à gros budget sans odeur ni saveur, se ramassant à la pelle (Turf, Les Invincibles, La grande boucle, 100% Cachemire, Des gens qui s'embrassent, Les reines du ring... la liste est longue !), des longs métrages ni fait ni à faire qui se sont révélés de retentissants accidents industriels (Angélique décroche la palme !), d'autres qui, s'ils ont fait des scores honorables, n'ont pas eu le succès à la hauteur de leurs budgets (Eyjafjallajökull, Jappeloup). Enfin, des films plus ambitieux et très coûteux qui eux, n'ont pas trouvé leur public (L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, En solitaire, Blood Ties).
Les Profs, plus gros succès français de l'année avec 3,9 millions spectateurs
L'année précédente s'était achevée sur le coup de gueule salutaire du producteur Vincent Maraval qui dénonçait le système de financement du cinéma français, ciblant plus particulièrement les salaires mirifiques et injustifiés de certains comédiens. Force est de constater que son analyse s'est révélée ô combien pertinente quand on sait que Dany Boon a touché un salaire record de 3,5 millions d'euros pour un film qui en a coûté 23 et qui n'a fait que 1,8 millions d'entrées.
Mais le problème est sans doute plus profond et ne se résume pas au cas de monsieur Boon. Tenaillée d'un côté par un cinéma d'auteur frileux, qui, s'il provoque parfois exagérément les louanges de la critique, n'emballe guère le public, et de l'autre par un cinéma populaire souvent dépourvu d'ambition artistique, notre cinématographie ne se porte pas très bien, comme le résume assez bien Jean-Paul Salomé, le président d'Unifrance, organisme chargé de faire la promotion du cinéma français à l'étranger : "Le souci, ce sont les recettes toutes faites. Ça devient très compliqué.
Les films censés cartonner, qui coutent très cher, avec des stars, qui
n’ont pas un fond ou une histoire un peu nouvelle à proposer, ça ne
suffit plus. Ce n’est pas juste mettre de l’argent et des vedettes sur
une affiche. C’est aussi raconter quelque chose qu’on n’a pas déjà vu 10
fois."
Espérons juste que 2013 n'était qu'un mauvais souvenir mais quand on voit les affiches des comédies à venir ces prochaines semaines, on ne peu s'empêcher de frémir !
Espérons juste que 2013 n'était qu'un mauvais souvenir mais quand on voit les affiches des comédies à venir ces prochaines semaines, on ne peu s'empêcher de frémir !
Un public qui ne prend pas de risque
En s'attardant sur le box office, on reste interloqué devant le peu de prise de risque entrepris par le public. Des spectateurs pourtant de plus en plus exigeants qui se plaignent régulièrement, et à raison, de la médiocrité des gros films à l'affiche, mais qui restent confortablement ancrés sur des rails très sécurisés. Bien sûr, le succès du film de Guillaume Gallienne prouve qu'ils ont envie de longs métrages audacieux et culottés mais ces exemples sont trop rares, et le cas est encore plus flagrant pour les longs métrages non francophones ni anglophones. Retenons tout de même le très beau succès du film saoudien Wadjda qui a réussi à attirer plus de 400 000 spectateurs, le film de Marguarethe Von Trotta sur Hannah Arendt (350 000 entrées) sans oublier le documentaire Sur le chemin de l'école, véritable phénomène avec 1 million d'entrées.
Les Garçons et Guillaume, à table !, plus de 2 millions d'entrées
Mais des films aussi forts et réussis que La Grande Bellezza, Blancanieves ou La Danza de la Realidad auraient mérité d'avoir une audience moins confidentielle. La faute à un engorgement des sorties (15 film en moyenne chaque mercredi!) qui fragilise les films qui ont besoin de plus de temps pour s'installer. Une jungle impitoyable qui voit beaucoup de victimes au tapis et peu d’œuvres tirer leur épingle du jeu.
2014 s'annonce d'ores et déjà sous de bons hospices avec les nouveaux films d'Hiyao Miazaki, Christopher Nolan, Steve McQueen, Clint Eastwood, Alain Resnais, Darren Aronofsky, Wes Anderson, Alejandro Gonzalez Inarritu, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Terry Gilliam, Xavier Beauvois... un beau programme en perspective !
La bande-annonce de 12 years a Slave de Steve McQueen, favori des prochains Oscars.
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