Alors que la pluie commençait à perturber sérieusement l'organisation du festival, conduisant à annuler plusieurs projections, elle s'est enfin mise à cesser ! Le rythme des films, lui, n'a pas faibli et la sélection officielle nous a offert quelques beaux moments de cinéma mais aussi de sacrés ratés.
Vous n'avez encore rien vu © Studio Canal
Après sa mort, Antoine, un metteur en scène, convoque Pierre Arditi, Sabine Azéma, Lambert Wilson, Anne Consigny, Mathieu Amalric et quelques autres à rejouer une dernière fois sa pièce devant la vidéo d'une troupe de théâtre qui l'interprète simultanément. Une mise en abîme comme les affectionne le cinéaste qui crée un dispositif audacieux lui permettant de nourrir sa passion pour les comédiens et le jeu sous toutes ses formes. Adaptant la pièce Eurydice d'Anouilh, le cinéaste fait surgir de ce magnifique texte de très beaux moments poétiques hélas noyés par l'aspect répétitif et artificiel de l'ensemble. Si son amour des mots transparaît encore, le sens visuel du réalisateur s'étiole quelque peu, à voir la faiblesse de sa direction artistique, et sa mise en scène est plombée par l'aspect très théâtral du film. A cause d'une absence d'émotion et d'humour, Resnais finit par tomber dans un pénible esprit de sérieux. Pour les inconditionnels.
Like someone in love © MK2
Il y a des cinéastes à qui l'on accorde des honneurs qu'ils ne méritent plus. Présent une cinquième fois en compétition après sa palme d'or pour Le goût de la cerise, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami nous revient avec un film tourné au Japon. Après la Toscane de Copie Conforme, le réalisateur poursuit son exploration de territoires inconnus dans Like someone in love. Et le voyage n'en valait vraiment pas la peine ! D'un vide accablant, cette histoire centrée sur un vieil écrivain n'a aucune substance, engoncée dans un maniérisme de cinéma d'auteur du pire effet qui consiste à n'en produire aucun à part celui de vous endormir profondément. Le cinéaste n'a manifestement rien à nous raconter et filme son récit avec une absence totale de conviction. Une incompréhensible présence en compétition et une envie profonde de voir Kiarostami rendre sa carte injustifiée d'abonné du festival.
La part des Anges © Le Pacte
Cogan - La mort en douce © Metropolitan Filmexport
Cogan - La mort en douce était très attendu car il marquait l'arrivée dans le raout cannois d'Andrew Dominik, célébré pour son précédent film, L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Brad Pitt interprète ici un tueur à gages chargé de faire le ménage dans un tripot de pocker. Dès les premières images, la puissance de la mise en scène nous subjugue grâce à l'étonnant travail sur l'image et le son. Le réalisateur trouve immédiatement un ton très singulier à son récit, et arrive à contextualiser ouvertement un film de gangsters dans la réalité économique américaine, à savoir la crise de 2008. Devant les discours de rassemblement d'Obama que l'on entend à plusieurs reprises, Dominik oppose une société égoïste et repliée sur elle-même, uniquement motivée par l'appât du gain. Une impression renforcée par la grande violence du film, très stylisée, et le cynisme du personnage de Brad Pitt. Mais le cinéaste ne maintient pas ce niveau d'excellence pendant toute la durée du film qui faiblit au milieu du gué. Mais sa galerie de seconds rôles, qui existent tous à l'écran, et sa tonalité très sombre brillamment interrompue par un humour à froid, nous font penser que le cinéaste pourrait décrocher un prix de la mise en scène. Comme un certain Drive l'an passé auquel on le compare déjà.
Enfin, dans la sélection de La Quinzaine des réalisateurs, on a pu découvrir un curieux long métrage, Room 237, un documentaire sur les significations cachées contenues dans Shining. A l'aide d'extraits et de commentaires de prétendus experts qu'on ne voit jamais à l'écran, le film poursuit toutes sortes de théories, des plus fumeuses aux plus invraissemblables, en triturant le chef d'oeuvre de Kubrick dans tous les sens. En petit malin, le réalisateur Rodney Ascher note tous les faux raccords du film en prétendant qu'ils étaient voulus par le cinéaste, comme une chaise qui disparaît d'un plan à un autre où la machine à écrire de Jack Torrance qui change entre deux séquences. Certaines suppositions sont crédibles mais la plupart paraissent bien farfelues. Gâché par une abominable musique, le film amuse parfois mais laisse résolument perplexe.
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