Amour aura donc sauvé un palmarès déconcertant. En attribuant à Michael Haneke la Palme d'or, trois ans après celle glanée pour Le Ruban Blanc, Nanni Moretti et son jury ont voulu célébrer l'oeuvre la plus puissante de cette inégale sélection. Auteur d'un huis-clos saisissant sur la fin de vie d'un couple d'octogénaires, superbement interprété par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, Michael Haneke pose sa caméra au plus près de ses personnages sur le chemin de la mort, avec une humanité jusqu'à alors inédite dans la filmographie du cinéaste (voir article). Un grand film que l'on pourra découvrir dans les salles dès le 24 octobre.
Au-delà des collines de Cristian Mungiu
Le reste du palmarès donne la place à des oeuvres hétéroclites, de la dénonciation de la télé réalité dans Reality de Matteo Garrone (Grand Prix) à l'austérité du film de Cristian Mungiu, Au-delà des collines (Prix d'interprétation féminine et Prix du scénario) qui confirme son statut de réalisateur à suivre après sa Palme d'or remportée pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours.
Mads Mikkelsen dans La Chasse de Thomas Vintenberg
Le Prix d'interprétation masculine a été attribué au comédien danois Mads Mikkelsen pour La Chasse de Thomas Vintenberg qui raconte la tragédie d'un homme injustement accusé de pédophilie. Un nouvel élan pour l'acteur fétiche de Nicolas Winding Refn, connu du grand public grâce à son rôle de méchant dans le James Bond Casino Royale.
Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas
Les ténèbres sont tombées sur la prix de la mise en scène remis à l'imposteur de cette sélection, Carlos Reygadas, pour son assommant Post Tenebras Lux. Impossible à résumer, le film est d'une prétention ahurissante, enchaînant les séquences sans aucune logique. Une caricature d'un cinéma creux et nombriliste, copieusement sifflé par la presse, et qui ne mérite aucun éloge (voir article).
La part des Anges de Ken Loach
Enfin, le Prix du Jury a été remis au seul film optimiste de la compétition, La part des Anges, du vétéran Ken Loach, soit l'histoire d'une arnaque au whisky où les déshérités chers au cinéaste réussissent cette fois à s'en sortir, avec un humour réjouissant et de savoureuses péripéties (voir article). Une oeuvre mineure, certes, mais extrêmement agréable (en salles le 27 juin).
Holy Motors de Leos Carax
Le grand oublié demeure Holy Motors de Leos Carax, l'oeuvre la plus inventive, la plus libre et la plus surprenante du ce festival (voir article). Le réalisateur a abandonné ses pesanteurs de cinéaste maudit pour délivrer un objet filmique non identifié, fou, porté par un extraordinaire Denis Lavant qui n'aurait pas volé un prix d'interprétation. Il est regrettable que la médiocrité de Reygadas ait été préférée à l'audace de Carax.
De rouille et d'os de Jacques Audiard
Le reste de la sélection française est aux abonnés absents, de Resnais (voir article) à Audiard (voir la critique de De rouille et d'os), à l'instar de la sélection américaine, qui était pourtant largement représentée et qui a plutôt déçue malgré des films intéressants. On aurait d'ailleurs pas été fâché de voir Wes Anderson pour Moonrise Kingdom ou Andrew Dominik pour Cogan - La mort en douce (voir article) repartir avec un prix de la mise en scène.
Comme De rouille et d'os qui connaît un beau succès, on espère que tous les films primés rencontreront le public qui juge souvent, à tort ou à raison, les films de Cannes trop élitistes. Verdict prochainement dans les salles.
PALMARES
PALME D'OR
AMOUR de Michael Haneke
GRAND PRIX
REALITY de Matteo Garrone
PRIX DE LA MISE EN SCENE
POST TENEBRAS LUX de Carlos Reygadas
PRIX D'INTERPRETATION MASCULINE
Mads Mikkelsen dans LA CHASSE de Thomas Vintenberg
PRIX D'INTERPRETATION FEMININE
Cristina Flutur et Dupa Delauri dans AU-DELA DES COLLINES de Cristian Mungiu
PRIX DU SCENARIO
Cristian Mungiu pour AU-DELA DES COLLINES
PRIX DU JURY
LA PART DES ANGES de Ken Loach
CAMERA D'OR
LES BÊTES DU SUD SAUVAGE de Benh Zeitlin
PALME D'OR DU COURT-METRAGE
SILENCIEUX de L. Rezan Yesilbas
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire