jeudi 21 juillet 2011

Quelques idées cinéphiles...

J'AI RENCONTRE LE DIABLE / THE MURDERER / THE TRIP / LES CONTES DE LA NUIT

Afin de profiter au mieux des salles obscures, voici quelques conseils estivaux.


Le cinéma coréen, on ne cesse de le répéter dans ces colonnes, est l'une des cinématographies les plus excitantes du moment. Deux longs métrages venus tout droit de Corée du Sud confirment et infirment en même temps cette tendance. 

J'ai rencontré le diable est le nouveau long métrage de Kim Jee-woon, le réalisateur de A bittersweet life et Deux soeurs. Il fait se confronter un agent secret et le meurtrier de sa femme enceinte. Un jeu du chat et de la souris qui n'empreinte jamais les voies que l'on attend. Car la force du cinéma coréen est d'avoir bousculé les codes du film de genre en malmenant ses stéréotypes. Le chasseur et sa proie se confondent sans cesse car la violence qui les unit finit par brouiller les repères du spectateur. L'homme qui veut venger la mort de sa femme ne veut pas seulement tuer l'assassin, il veut le faire souffrir autant que sa compagne a souffert. Un jeu sadique et pervers qui met les nerfs du spectateur à rude épreuve. La violence extrême du film, souvent insoutenable, est une implacable démonstration visuelle pour montrer les abîmes du mal dans lesquels plongent les deux protagonistes. Tour à tour film d'horreur et thriller haletant, J'ai rencontré le diable, titre évocateur, est une descente aux enfers jusqu'au-boutiste dans un cerveau malade. Mais avec une pointe d'humour par endroits, Kim Jee-woon nous désarçonne tout en nous glaçant d'effroi et réussit, grâce à une mise en scène au cordeau et de nombreux rebondissements (pas toujours crédibles), à maintenir l'intensité de son récit. Ne nous épargnant aucune sévisse, le cinéaste abuse par moments de son art de manipulateur en se complaisant dans un déferlement de violence gratuite mais parvient in extremis à nous livrer une morale tragique où le mal par le mal conduit irrémédiablement à la désolation et au malheur. Âmes sensibles s'abstenir. 




Hong-jin Na est devenu très prometteur depuis son premier film The Chaser, présenté au festival de Cannes. Il a eu à nouveau les honneurs de la Croisette, dans la sélection Un certain Regard, avec The Murderer. Gu-nam, chauffeur de taxi, mène une vie misérable à Yanji, ville chinoise de la préfecture de Yanbian, coincée entre la Corée du Sud et la Russie. Un parrain local lui propose de l'aider à passer en Corée pour retrouver sa femme dont il est sans nouvelle et ainsi rembourser ses dettes de jeu. En contrepartie, il devra assassiner un inconnu. L'aspect social du film est le plus intéressant, les activités illégales de cette contrée rarement montrée côtoyant la misère la plus grande. Mais dès lors que Gu-nam se retrouve pris au piège à Séoul, le film perd pied. Malgré sa maestria étourdissante, encore plus marquée que dans The Chaser, le cinéaste se fourvoie dans une intrigue multipliant les incohérences et les invraisemblances. On ne croit plus à ce qui se passe à l'écran tant la virtuosité de la mise en scène ne parvient pas à masquer les énormités du scénario où les protagonistes, malgré cinquante coups reçus sur le crâne, se relèvent miraculeusement. Et on assiste là encore à un déchaînement de violence dont la banalisation finit pas être embarrassante. Ne retrouvant pas l'originalité de son premier film, Hong-jin Na ne surprend plus. Et déçoit. 




Si vous souhaitez vous reposer après ce déluge d'hémoglobine, vous pouvez aller humer l'air de la campagne anglaise dans The Trip de Michael Winterbottom. Le réalisateur britannique adapte à l'écran la mini-série diffusée sur la BBC qui voit Steve Coogan et Rob Brydon passer une semaine gastronomique dans le nord de l'Angleterre. En grande partie improvisé, le film devrait réjouir les amateurs de l'humour so british. Les deux énergumènes sont souvent irrésistibles et leurs saillies drolatiques font mouche plus d'une fois surtout lorsqu'ils se livrent à un concours d'imitation du meilleur Michael Caine. Le spectateur flâne avec eux au gré de leurs rencontres, féminines pour la plupart, mais pourra rester au bord de la route car le film, d'une durée excessive, tourne un peu à vide. Et la mise en scène de Winterbottom, toujours aussi impersonnelle, ne permet pas au long métrage de dépasser l'anecdote. Mais le charme est là. 




Enfin, succombez aux récits imaginaires de Michel Ocelot et ses Contes de la nuit. Le papa de Kirikou, devenu le maître étalon du cinéma d'animation français, nous propose six histoires qui nous font voyager aux Antilles, en Afrique et au Tibet. Dans une salle de cinéma, un garçon, une fille et un vieux technicien s'amusent à inventer et à jouer des histoires de sorcières, de fées, de loups garous et de rois. A propos de son rôle de conteur, Michel Ocelot déclare : "J'ai un goût extrême pour les contes, pour l'agencement de petites mécaniques qui se mettent à tourner joliment. Ce sont des cadeaux que j'offre aux gens car j'aime faire plaisir, épidermiquement, et je l'espère, profondément". Un cinéma destiné d'abord au jeune public que le réalisateur ne prend jamais par la main, misant avant tout sur son intelligence et sa capacité d'émerveillement. Un pari plutôt réussi où le style très personnel du cinéaste, avec ses personnages en ombres chinoises dotés simplement d'un regard, tend vers l'épure. Malgré une utilisation un peu terne du relief, il nous embarque aisément dans ses différentes fables et en profite pour nous donner quelques messages un peu appuyés sur la tolérance et le dépassement de soi. Un plaisir inégal mais revigorant comme les déguisements de notre enfance.

Antoine Jullien

1 commentaire:

  1. bien que grand fan de l'humour british(et c'est peu dire), the trip est extremement décevant. le film est long et d'autant plus que l'on ne rentre pas dans le film et que les personnages se font une ribembelle de private jokes qui ne font rire qu'eux...et encore ! A chaque blague de l'un l'autre est dépité et vice et versa, là, pour une fois je les rejoins.

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