Annie Girardot est décédée hier des suites de la maladie d'Alzeihmer à l'âge de 79 ans. Révélée en 2006 par sa famille, la maladie galopante avait peu à peu fait oublier l'actrice aux 3 Césars et 2 Molières. Il suffit de se replonger dans sa carrière pour mesurer à quel point la popularité d'Annie Girardot était intacte.
Après son passage au Conservatoire puis à la Comédie française, elle débute sa carrière cinématographique en compagnie des cinéastes de la "qualité française" (appellation méprisante que l'on doit aux réalisateurs de la Nouvelle Vague) : Le Chanois, Grangier, Delannoy, Boisrond, De La Patellière. En 1960, elle est consacrée grâce à Rocco et ses frères de Luchino Visconti dans lequel est campe une magnifique et déchirante Nadia. Tournant beaucoup durant les années 60, sa popularité grandissante connaîtra son apothéose au début des années 70. Une décennie qui verra s'enchaîner les triomphes à un rythme effréné : Erotissimo, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais elle cause, La vieille fille, Docteur Françoise Gailland (qui lui vaut son premier César), La Zizanie, le diptyque Tendre Poulet - On a volé la cuisse de Jupiter. Mais c'est en 1971 qu'elle connaît son succès le plus fulgurant avec Mourir d'aimer d'André Cayatte. Professeur très engagée durant les révoltes de 68, elle tombe follement amoureuse de l'un de ses élèves avant que les parents de ce dernier ne porte plainte et la renvoie en prison. Inspiré d'une histoire vraie qui avait défrayé la chronique, le film réunira près de six millions de spectateurs dans les salles.
Au début des années 80, la carrière d'Annie Girardot s'étiole et les rôles se font de plus en plus rare. Une traversée du désert qui prendra fin un soir de février 1996 lors de la cérémonie des Césars. Primée pour Les Misérables de Claude Lelouch, elle arrive sur la scène bouleversée, en larmes. Recevant ce trophée inespéré, l'actrice dit alors ces quelques mots inoubliables : "Je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français mais à moi le cinéma français m'a manqué, follement, douloureusement, éperdument. Votre témoignage, votre amour me font penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte".
César 1996 du meilleur second rôle pour Les Misérables
La comédienne reprendra goût au théâtre dans Madame Marguerite et au cinéma dans La Pianiste de Michael Haneke (son dernier grand rôle), terrifiante en mère possessive d'Isabelle Huppert. Ces dernières années, Annie Girardot avait fait quelques apparitions dans Caché et Je préfère qu'on reste amis avant d'être définitivement rattrapée par la maladie. Star accessible et spontanée, au caractère bien trempé, l'actrice a évolué dans des registres divers, passant de la comédie au drame avec le même naturel. Une personnalité forte du cinéma français qui nous quitte. Laissons-lui la dernière réplique.
Extrait de Rocco et ses frères de Luchino Visconti.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire