"J'avais l'impression qu'il fallait dénoncer quelque chose de notre époque, qu'il fallait réagir, et vite, sur la situation sociale actuelle". Cédric Klapisch a manifestement grandi. Fini les flâneries post-adolescentes et les contes naïfs, place au réalisme des petites gens victimes des rois de la finance. Ma part du gâteau raconte la rencontre improbable entre un trader et une ouvrière tout juste licenciée de l'usine Sifranor . Elle va devenir sa femme de ménage puis sa bonne à tout faire. Mais elle ne se doute pas encore que son patron est le principal responsable de la fermeture de l'usine.
Les références de Klapisch sont criantes : Capra pour le mélange du social et de la comédie et Ken Loah pour la fibre militante. Mais le réalisateur du Péril Jeune ne boxe dans aucune de ces catégories. Il s'est, dit-il, beaucoup documenté afin de décrire le mieux possible le monde obscur et suspect de la grande finance. Il l'a surtout établi seul, sans partenaire qui lui aurait apporté le recul nécessaire et ainsi l'empêcher d'aller dans la mauvaise direction. Le réalisateur, sûr de son talent, enchaîne les clichés à la pelle avec une belle assurance. Tant dans le monde des ouvriers que dans celui des traders, il n'apporte la moindre subtilité. D'une paresse scénaristique édifiante, l'intrigue, dont la pauvreté des dialogues le dispute à la banalité des situations, manque totalement de nuances. En donnant à Karin Viard et Gilles Lellouche des rôles (trop ?) taillés sur mesure, il pensait sans doute amener plus de crédibilité à ses personnages. Mais quand on ne peut pas jouer autre chose que ce qui est écrit, on tombe dans la facilité. Et à part appuyer une énième fois sur la gouaille de l'une et la goujaterie de l'autre, Klapisch n'a malheureusement aucun grain à moudre.
Karin Viard et Gilles Lellouche
"Ce film est une tentative de divertissement sans pour autant "regarder ailleurs", et de dire qu'il n'y a pas que le documentaire qui nous pousse à regarder le monde dans lequel on vit". La vision du film vient durement contredire les propos du cinéaste. Car le documentaire, s'il est de qualité, ressasse autre chose que des clichés, tente de rendre moins manichéen des hommes et des femmes coupables et victimes de l'injustice sociale. Mais en condamnant bêtement ses deux protagonistes dans des archétypes aussi éculés (le très méchant trader contre la pauvre victime ouvrière), Klapisch déshonore du coup la fiction.
Toutefois, quand le film devient un huis-clos entre les deux personnages, un vague intérêt renaît amplifié par l'apparition du fils de Gilles Lellouche. Le rapport de classes semble alors se renverser mais une dernière partie londonienne vient définitivement éteindre nos illusions. Soudain, Klapisch se souvient qu'il réalise un "anti-Pretty Woman" et lâche les amarres de la bonne conscience. Le très très très méchant trader devient encore plus une crapule et la victime ne sortira pas de son rôle de martyr. Ma part du gâteau est un faux film engagé, en réalité construit sur un formatage télévisuel où la liberté du réalisateur est anesthésiée. Après Paris qui montrait déjà des signes inquiétants, Klapisch s'enfonce davantage. S'il vous plaît, vous n'auriez pas les coordonnées d'un bon scénariste ?
Antoine Jullien
Antoine Jullien
DVD et Blu-Ray disponibles chez StudioCanal Vidéo.
"Après Paris qui montrait déjà des signes inquiétants, Klapisch s'enfonce davantage."
RépondreSupprimerC'est toi gars qui est inquiétant... Pour ma part j'ai presque toujours apprécié les réalisations de Klapisch et il est vrai que ce dernier opus n'est pas un chef d'oeuvre, mais quand dans une phrase de ton commentaire tu critiques Paris là je dis stop, c'est un excellent film, avec un vrai bon sujet, bien tourné, avec des acteurs talentueux, ce film interpelle, fait réfléchir.
Tu fais parti de ces gens qui se complaisent dans la critique, continue ça te passe le temps, pendant ce temps là Klapisch prépare son prochain film avec sa propre société de production, car lui est indépendant et vie de sa passion, toi tu es suspendu aux sorties hebdomadaires puis tu te déchaines sur ton "Blog" en te disant "j'aurai fait mieux" mais tu ne créés rien, certe ton Blog est bien tenu, agréable à naviguer mais tes commentaires cinématographiques sont bien souvent infondées...(j'ai choisi de réagir sur cet article mais beaucoup m'insupportes)
Bonne continuation!
Un peu de réactivité fait toujours du bien !
RépondreSupprimerJe trouve le commentaire d'anonyme plutôt inspirée par les sentiments qu'il a pour Klapisch que par la réalité de ce qui défile sous nos yeux lorsqu'on voir le film. Klapisch j'aime bien, mais plus le film avance plus on sent venir le raté, pour vraiment finir en noeud de boudin ce qui est dommage. C'est quoi cette fin franchement ? Je rejoins anonyme sur la création et les gens qui vivent de leur passion, créer c'est bien c'est certain, à comparaison de ceux qui ne créent rien. Créer c'est dur aussi, c'est un sacré travail. Cependant ce n'est pas parce qu'on fait des films avec sa propre boite de prod qu'ils seront réussis... La part du gâteau aurait pu être meilleure.
RépondreSupprimerEffectivement, je ne retrouve pas le Klapisch habituel... Je viens seulement de voir ce film et j'hésite à dire que c'était mauvais mais je ne pourrais pas dire que ce soit bon non plus ! Dès le début, on s'attend aux clichés les plus facile et ça ne manque pas ! La fausse tentative de suicide, les chômeurs dans le nord, le mec qui conduit bourré, les traders sans scrupules.... Mais je tiens la barre et je m'attache à Karin Viard qui est toujours autant exceptionnel ! (l'accent russe, quand elle chante en repassant...) On comprend très bien où le réalisateur va nous emmené, c'est hyper convenu. Le méchant trader qui a une vie de merde mais plein de frics et qui ne sait pas élevé son fils ! Ok ! Malgré tout, j'ai envie de savoir mais au final rien de renversant... Une fin stupide, une vengeance banale... Le sujet était casse gueule et il est tombé dedans ! Opposé 2 mondes avec autant clichés, Klapisch n'a pas été cherché loin...
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