Pour son deuxième long métrage, Mia Hansen-Love s'est inspiré de la vie du producteur de cinéma indépendant Humbert Balsan, où les difficultés de plus en plus insurmontables d'un homme passionné par son métier qui va se retrouver écrasé par les problèmes financiers. Cet homme a pourtant tout pour être heureux : une femme et des enfants qu'il aime. Mais ne supportant pas que sa société puisse être mise en liquidation judiciaire, il se suicide sans explication.
Ce n'est pas un crime de lèse-majesté que de révéler cette mort soudaine car elle intervient au milieu du film qui contient deux parties distinctes, l'avant et l'après. La réalisatrice filme avec une grande acuité les rouages d'une profession mal représentée, échappant ainsi aux stéréotypes ou aux fantasmes bien éloignés de la réalité. Une réalité recréée le plus fidèlement possible, sans perdre le spectateur en cours de route. Que l'on connaisse ou non le métier de producteur, on s'intéresse rapidement à ces problèmes et la brutale disparation de cet homme n'en n'est que plus douloureuse.
Louis-Do et Alice de Lencquesaing
Mia Hansen-Love a eu le talent de choisir un interprète peu connu du public, Louis-Do de Lencquesaing, qui apporte à son personnage tout le charisme et l'allure nécessaires. La direction d'acteurs n'est pas en reste et tous les comédiens, notamment les enfants, sont confondants de charme et de spontanéité. Des séquences apaisées entre parents et enfants, un couple uni dans l'adversité, on est bien aux antipodes des psychodrames familiaux chers à nos cinéastes.
Dans la deuxième partie, l'allant que la réalisatrice avait jusqu'ici su maintenir s'étiole un peu, faute d'intrigues secondaires maladroites et prévisibles. Mais elle évite tout pathos et sait avoir la juste distance entre la douleur immense de l'absence et l'envie de terminer ce qui a été entrepris. Le film se termine d'ailleurs sur un départ, serein et ensoleillé. La vie continue malgré tout.
Antoine Jullien
Antoine Jullien
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