ENFIN ! Il aura fallu attendre toutes ces années pour que James Cameron vienne à bout de son projet dantesque. Film le plus cher de l'histoire du cinéma (on ne rentrera pas ici dans les querelles de budget), ambition folle, moyens illimités, tout ce qui constitue un véritable évènement cinématographique était réuni. Le cinéaste ne pouvait pas décevoir après avoir déserté la fiction pendant plus de dix ans, depuis le naufrage d'un célèbre paquebot qui l'avait intronisé "roi du monde" à jamais. Ce n'était qu'une étape dans un parcours glorieux et spectaculaire où la démesure a souvent été le maître mot. Avatar en constitue l'aboutissement. Et ça valait la peine d'attendre.
Nous sommes sur la lointaine planète Pandora. Pour endiguer une crise énergétique sur la Terre, les hommes veulent à tout prix extraire un minerai protégé par une civilisation indigène, les Na'vis. Pour tenter de les convaincre, ils engagent Jake Sully, un ancien marine, qui va entrer en contact avec ce peuple via un Avatar, une créature hybride contrôlée à distance. Il va se faire accepter d'eux mais sa mission va progressivement se retourner contre ses commanditaires...
James Cameron a beaucoup songé aux westerns en écrivant Avatar. Un peuple opprimé envahi par une puissance étrangère renvoie bien sûr au massacre des Indiens par les Américains et plus généralement à toutes les tentatives de coloniser un peuple par la force. Cameron en profite au passage pour glisser sobrement un message écologique fort alors que le sommet de Copenhague vient d'accoucher d'une souris.
Malgré un traitement intéressant qui montre un militaire paralysé ne pouvant assouvir son âme de combattant que par l'intermédiaire d'une créature, on pourra trouver le scénario un brin convenu car il renvoie aux clichés du genre, une opposition binaire entre les bons et les méchants. Mais ces réserves sont bien minces lorsque l'on réalise ce que le cinéaste nous propose à l'écran.
Zoe Saldana et Sam Worthington
Une date, incontestablement. Avec la 3D numérique, Cameron disait : Le relief est l'avenir du cinéma. C'est une révolution semblable à celle du parlant". Et comment lui donner tort ? Pendant 2h45, c'est un véritable éblouissement visuel auquel on assiste, une expérience inédite qui fait dorénavant rentrer le cinéma à grand spectacle dans une ère nouvelle. Pour la première fois, un réalisateur à "pensé" son film en trois dimensions, de la première à la dernière image. Oublions les temps où le relief n'était qu'un gadget pour combler le spectateur de sensations plus dignes du grand huit que du septième art.
Plus de mille personnes se sont escrimées à rendre la planète Pandora aussi réaliste, envoûtante et merveilleuse. On a le devoir de saluer ces personnes qui ont fait un travail véritablement extraordinaire. Jamais la profondeur de champ n'avait été utilisée avant tant de précision, jamais le premier plan d'une image n'avait été aussi palpable. Il fallait un grand chef d'orchestre pour arriver à un tel résultat. James Cameron, prouvant une fois encore ses qualités hors pair de conteur, est de ceux-là, et les dollars à foison, si le talent et l'invention ne sont pas de mise, n'y changent rien. Lors d'une des scènes les plus mémorables, l'Arbre si cher aux Na'vis s'effondre dans un fracas assourdissant. La sensation qu'éprouve alors le spectateur n'est comparable à nulle autre pareille.
Un émerveillement de chaque instant, un frisson continu, une immersion absolue : James Cameron a réinventé le cinéma comme spectacle total. Les spectateurs qui ont pour la première fois découvert un film sonore ou le premier tourné en Cinémascope ont du avoir cette même impression : avoir vécu un moment unique. En ces temps de piratage effréné, nous avons la chance de vivre cela à notre tour. Merci Monsieur Cameron.
Antoine Jullien
Antoine Jullien
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