QU'UN SEUL TIENNE ET LES AUTRES SUIVRONT / PERSECUTION / LA SAINTE VICTOIRE
Les fêtes approchent et les sorties sont de plus en plus nombreuses. En attendant Avatar, plusieurs films français sont à l'affiche et même si aucun d'entre eux ne déclenchent un grand enthousiasme, ils méritent que l'on s'y arrête.
Les fêtes approchent et les sorties sont de plus en plus nombreuses. En attendant Avatar, plusieurs films français sont à l'affiche et même si aucun d'entre eux ne déclenchent un grand enthousiasme, ils méritent que l'on s'y arrête.
Qu'un seul tienne et les autres suivront est le premier long métrage de Léa Fehner. L'histoire est complexe et il serait dommage de trop en révéler tant les différentes intrigues s'imbriquent avec aisance. Une femme qui veut venger la mort de son fils, un jeune homme qui doit accepter un deal risqué et une jeune femme qui tente de sauver son amour pour un révolté qui vient d'être incarcéré sont les trois mamelles d'un récit brut et empreint d'un romanesque peu fréquent dans le cinéma français.
Les acteurs, que la réalisatrice dit "ne pas avoir assez souvent à l'écran", sont tous remarquables à commencer par Réda Kateb, vu récemment en compagnon de cellule de Tahar Rahim dans Un prophète. D'ailleurs, ce film pourrait être une sorte de prolongement au film de Jacques Audiard, le parloir d'une prison étant le décor qui réunira tous ces personnages. Mais Léa Fehner ne tombe pas dans les pièges du film choral où toutes les astuces scénaristiques sont déployées pour que tous les protagonistes se retrouvent par "hasard. Elle préfère les réunir dans un même endroit dans lequel chacun résoudra, seul, son drame personnel. On pourra toutefois reprocher à la réalisatrice une mise en scène d'une sobriété presque excessive, des longueurs (le film aurait mérité plus de concision) et un penchant un peu trop appuyé pour le dolorisme.
Les personnages de Patrice Chéreau ont toujours été dans la souffrance. Cette fois, dans Persécution, c'est un couple qu'il filme pour la première fois à l'écran : Romain Duris et Charlotte Gainsbourg. Lui, Daniel, est un curieux bonhomme qui vit de chantiers plus ou moins douteux. Il ne sait pas comment aimer Sonia qui maintient leur relation à une distance raisonnable. Un troisième personnage (Jean-Hugues Anglade) vient bousculer le quotidien de Daniel. Il s'introduit chez lui, l'épie, et le suit partout parce qu'il est fou amoureux de lui.
Patrice Chéreau s'est inspiré de son histoire personnelle pour disséquer ces relations très compliquées. Si compliquées qu'au bout d'un moment, ce couple nous fatigue à force de se dire "je t'aime, moi non plus". Le réalisateur nous donne sa vision du rapport amoureux, se construisant et se vivant dans la souffrance de l'autre et de soi-même. Une vision qu'on peut ne pas partager et qui n'aboutit sur rien. Il y a heureusement dans ce chaos quelques moments de tendresse, notamment lors d'une belle séquence au téléphone entre les deux amants.
Face à des dialogues presque injouables, il fallait à Chéreau de grands comédiens. Et Romain Duris est de ceux là. L'acteur, totalement investi, est sans cesse sur le fil, souvent insupportable mais n'étant finalement pas le plus névrosé des deux. Charlotte Gainsbourg confirme une présence magnétique et évanescente. Quant à Jean-Hugues Anglade qui retrouve son metteur en scène de L'homme blessé, il fait preuve de plus d'humanité que tous les gens "normaux" autour de lui. Dans ces périodes de grand froid, il n''est pas évident que ce film vous réchauffe le cœur. Bien au contraire.
La Sainte Victoire est un thriller politique français, fait assez rare pour être signalé. Xavier Alvarez, un petit architecte qui s'est construit tout seul, veut par tous les moyens grimper dans l'échelle sociale. Il propose ses services à Vincent Cluzel, un député qui brigue la mairie d'Aix-en-Provence. Xavier va dépenser sans compter pour obtenir l'élection de son "ami". Chose faite, il espère alors un retour d'ascenseur. Et les ennuis commencent...
François Favrat, après un premier film réussi (Le Rôle de sa vie), s'attaque au milieu de la politique sans tomber dans un manichéisme facile. Même si son point de vue n'est pas nouveau, il décortique avec efficacité les rapports compliqués entre deux hommes qui ne sont ni bons ni méchants. Le maire, interprété par un innatendu et plutôt convaincant Christian Clavier, est un être intègre qui va, par faiblesse plus que par lâcheté, se compromettre. Grâce à une belle direction d'acteurs d'où se dégage le charisme de Clovis Cornillac et le charme d'une nouvelle venue, Vimala Pons, il réussit, en mode mineur, un film divertissant qui ne mérite ni les éloges qu'il n'a pas eu ni l'indifférence dont il a été victime.
Antoine Jullien
Antoine Jullien
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire