lundi 22 juin 2015

La bataille de la Montagne du Tigre

 
Suite à la capitulation japonaise à la fin de Seconde Guerre mondiale, la Chine, après des années de conflit avec l'occupant nippon, est désormais un pays détruit en proie à la guerre civile. Ayant empêché le pillage d’un village, l’unité 203 de l’Armée de Libération décide de rester et d’affronter Hawk, un bandit lourdement armé, retranché dans une forteresse impénétrable érigée sur la Montagne du Tigre. Pour y trouver une faille, l’officier de reconnaissance Yang (Zhang Hanyu) décide d’infiltrer l’organisation de Hawk.

Le cinéma chinois possède des codes artistiques et narratifs différents de ce que nous connaissons en occident. Même si Tsui Hark a œuvré au pays de l’Oncle Sam pendant les années 90, La Bataille de la Montagne du Tigre est un véritable blockbuster chinois qui sort complètement des standards américains. Ici, il ne s’agit pas de superhéros cherchant à sauver le monde mais d’un petit groupe de soldats se lançant dans une lutte désespérée contre un tyran voulant imposer de façon définitive sa puissance sur toute une région. Tsui Hark, 65 ans et toujours aussi dynamique dans sa mise en scène, nous livre un pur divertissement à la narration souvent chaotique et aux scènes d’action comme seul le cinéma asiatique sait les réaliser : extravagantes et jusqu’au-boutistes.


Usant et abusant de ralentis en pagaille, de bullet time explosifs et d’une caméra virevoltante, le réalisateur chinois s’amuse, comme à son habitude, à toujours repousser les limites du cinéma en 3D malgré des effets spéciaux numériques parfois grossiers. Les fans du réalisateur hong-kongais retrouveront ainsi sa patte légendaire dans des séquences d’action généreuses et frôlant le n’importe quoi jubilatoire. Il n’est donc pas étonnant de voir s’entrechoquer deux grenades en plein vol ou de suivre la trajectoire d’une balle rebondissant sur des casques pour finalement terminer sa course entre deux yeux dans une gerbe de sang.


Si on pourra reprocher certains décors en carton-pâte rappelant les James bond des années 60 ou encore le surjeu de la quasi-intégralité du casting, c’est bien la narration qui déroute véritablement. Contrairement aux normes occidentales qui cherchent à jalonner le chemin du héros du plus grand nombre d’obstacles possible, La Bataille de la Montagne du Tigre suit une voie bien différente. Le méchant Tout-Puissant au début ne fait qu’accumuler les erreurs pour finalement perdre la partie, ce qui contribue à tuer une grande part du suspense et de relâcher l’attention du spectateur qui reste étonné par le manque de clairvoyance des méchants et l’absence de problèmes rencontrés par les gentils héros. Mais même si ces différences de traitement peuvent mettre sur la touche un bon nombre de spectateurs, on ne peut que saluer la volonté de Tsui Hark de sortir son film de la simple évocation d’un fait historique.

Cette adaptation du roman « Tracks in the Snowy Forest », publié en 1957, se base sur les souvenirs d’un jeune chinois se replongeant dans les récits de son grand-père, évitant ainsi de coller strictement aux faits. C’est pourquoi les bandits semblent sortir d’un univers de fantasy avec notamment le personnage de Hawk toujours accompagné de son aigle et ressemblant étrangement à Heihachi Mishima, personnage du jeu vidéo Tekken. Les décors répondent aussi à cette idée lorsqu’il s’agit de montrer la forteresse de la Montagne du Tigre, ressemblant plus à un château médiéval perché sur une falaise qu’à un bunker traditionnel de la Seconde Guerre mondiale. Ajouté à cela un remarquable affrontement entre le héros Yang et un tigre en plein milieu d’une forêt enneigée et une seconde fin spectaculaire (attention à ne pas quitter la salle au début du générique !) et vous obtenez un film à mi-chemin entre l’hommage et le grand spectacle fantastique. Ou comment transformer une réalité historique en légende immortelle.

Alexandre Robinne

Chine - 2h22
Réalisation : Tsui Hark - Scénario : Jianxin Huang
Avec :  Hanyu Zhang (Yang Zirong), Tony Kai Fai Leung (Hawk), Nan Yu (Ma Quiglian). 

Disponible en DVD et Blu-Ray chez Metropolitan
 

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