mercredi 13 juillet 2011

Le Moine


Un ratage, ni plus ni moins. En adaptant le roman sulfureux de Matthew G. Lewis paru en 1796, Dominik Moll s'y est cassé les dents. Pourtant, le brillant réalisateur de Harry, un ami qui vous veut du bien et Lemming semblait tout disposé à raconter l'histoire de ce moine ébranlé par ses certitudes au point de succomber à la tentation de la chair. Une lutte contre le démon dans les recoins sombres et inquiétants d'une abbaye espagnole au temps de l'inquisition. Mais le cinéaste, manifestement mal à l'aise avec son sujet, échoue sur toute la ligne. 

Dans les années 70, Luis Bunuel et son scénariste fétiche Jean-Claude Carrière s'étaient déjà intéressés au roman et l'on comprend aisément ce qui avait pu attirer le cinéaste ibérique. Dominik Moll, lui, évacue toute dimension blasphématoire pour nous livrer un film à l'atmosphère replète et peu inspirée, symbolisant le dilemme intérieur du personnage par un jeu éprouvé de l'ombre et de la lumière. Visuellement, le cinéaste se réfugie dans une imagerie vieillotte où toute audace semble avoir été rangée au placard. Malheureusement, le scénario ne rattrape pas ce manque d'ambition, se fourvoyant dans une intrigue hautement prévisible aux dialogues empesés, avec un final où le grotesque le dispute au ridicule. 


Vincent Cassel, taiseux, le regard fixe, n'est pas en cause même s'il n'arrive pas à rendre le basculement de son personnage crédible. Autour de lui, les comédiens en sont réduits à jouer les utilités, de Deborah François en tentatrice de pacotille à la jeune Joséphine Japy, sacrifiée. 

Dominik Moll n'a jamais été meilleur que dans ses huis clos étouffants où une force invisible pouvait détruire un couple ou une famille. S'éloignant de son univers, il a senti le besoin d'aller vers des contrées inconnues. Un choix courageux qui s'avère être une lourde erreur. Déconnecté de tout, ce Moine, qui ne captive pas une seconde, est un accident industriel rare dans lequel rien ne fonctionne. Un gâchis un peu inexplicable quand on songe à la somme des talents réunis, en vain. 

Antoine Jullien



DVD et Blu-Ray disponibles chez Diaphana.

3 commentaires:

  1. Un film exigeant d’une beauté et d’une profondeur rares.

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  2. c'est quoi cette critique !? franchement ça suffit ... allez plutôt sur allociné pour ce genre de baratin

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  3. absolument d'accord avec la présente critique, quel lamentable final digne d'un nanard époque planete des singes.

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