lundi 9 novembre 2015

Interview de Michel Hazanavicius pour LaCinetek


Michel Hazanavicius fait partie des 26 cinéastes associés à LaCinetek. Le réalisateur oscarisé de The Artist nous livre ses impressions sur cette très louable initiative (voir article).
 
Mon Cinématographe : LaCinetek a été créée pour mettre à l'honneur le patrimoine et l'histoire du cinéma à travers le regard de cinéastes. Qu'attendez-vous d'une telle opération ? 

Michel Hazanavicius : A titre personnel, je suis très curieux de connaître les films qu'ont choisi mes collègues réalisateurs, d'avoir un aperçu de leur univers cinématographique. Chaque œuvre a été sélectionnée pour des raisons précises, solides. C'est très dur de choisir cinquante films. Je ne parlerais d'ailleurs pas forcément de qualité de films. Il ne s'agit pas que de grands films respectables.

- En effet, ce sont parfois plus des coups de cœur que des chefs d’œuvre ? Vous avez choisi notamment Les Galettes de Pont-Aven

Chaque réalisateur est libre, ce sont des choix personnels. J'ai mis les films qui ont compté pour moi à un moment donné comme Les Galettes de Pont-Aven ou La Chèvre. J'ai du voir Les Blues Brothers au moins huit fois en salle à sa sortie. A 14 ans, j'en étais un fan absolu. 

Le truculent Les Galettes de Pont-Aven, l'un des films favoris de Michel Hazanavicius

- Jean-Pierre Jeunet craint que la cinéphilie ne soit en danger. Il racontait qu'il était récemment devant des étudiants de cinéma à Rome et que très peu avaient vu La Dolce Vita. LaCinetek est-elle là pour palier un manque ? 

C'est une autre cinéphilie qui est en mouvement. Quand j'étais jeune, il n'y avait pas beaucoup de possibilités de voir un film. C'était précieux. Quand, à la fin des années 70, j'allais dans les salles art et essai pour des rétrospectives Bogart, je regardais des films qui dataient des années 50. Il faut accepter aujourd'hui l'idée que le public qui va voir des films tournés il y a 20-25 ans ont été réalisés au début des années 90. Les films des années 50 sont sans doute plus obscurs pour la nouvelle génération comme l'étaient pour nous les premiers films du cinéma muet. Quel est le point commun entre la cinéphilie et l'amour du cinéma ? L'envie de voir des films. En revanche, ce qui est sûr, c'est que les films n'ont plus ce pouvoir sacré qu'ils détenaient auparavant. 
 
Propos recueillis par Antoine Jullien

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